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demi de hauteur. La grande dalle qui forme la
couverture de la tombe a 5 pieds et demi de
large, 8 pieds de long et 1 pied 2 pouces d’é-
paisseur, débordant ainsi quelque peu, comme
on le remarque souvent dans les pierres levées.
Les pierres qui ont été tirées des rochers calcaires
voisins, ne sont point taillées. Je renvoie
à ce que j’ai dit précédemment sur ce genre de
tombes, en parlant de la presqu’île Kimmérienne
et de Toklouk ; il est curieux de les trouver jusqu’ici,
et comme j’envisage Aïthodor et sa contrée
comme le siège d’une ancienne commune
taure, qui avait son temple et son précipice sur
la pointe du Monastir-Bouroun , où la religion
chrétienne a consacré plus lard un temple expiatoire
, je ne puis attribuer ces tombes qu’aux
Taures domptés et civilisés en partie par les
Kimmériens.
A peu de distance des tombes, nous entrâmes
dans le village de Gaspra, qui avait aussi son
fort au-dessus du village. Plusieurs seigneurs
russes ont ici de belles campagnes, entre autre
le prince Galitzin, ancien ministre du culte,
* qui s’est fait construire un château gothique
avec deux tours crénelées. G’est une vraie surprise
qu’une construction de ce genre dans un
paysage de la Tauride.
Mais les surprises doivent se succéder rapidement.
A peine est-on hors de Gaspra , que
déjà la croix de Khouréïs domine le paysage.
Le domaine de Khouréïs est l’un des premiers
essais de colonisation sur la côte. Madame de
Krudener était venue en Crimée continuer sa
mission évangélique chez les Tatares. Elle était
accompagnée de son gendre, le baron de Berck-
heim et d’une princesse Galitzin | qui après sa
mort ne voulurent pas quitter le sol qui avait
vu leur deuil. Le premier mouvement fut celui
de se créer une retraite sainte éloignée du
monde ; mais la douleur se calma, et la vie physique
reprenant le dessus sur la vie religieuse et
comtemplative, la princesse et le baron se mirent
à planter de la vigne; leurs essais ont été
les premiers sur la côte de Crimée. J’ai indiqué,
en passant à Aï-Daniel, le vignoble du baron ,
avec sa jolie maison de maître, un charmant jardin,
une belle vue. Le baron Berckheim , estimé
, chéri de tous ceux qui le connaissaient,
n’avait conservé de ses anciennes relations mystiques
qu’une piété vraie, sentie. Du reste, il
s’occupait beaucoup de sa propriété qu’il était
parvenu à faire produire les meilleurs vins de la
Crimée.
A Khouréïs, chez la princesse Galitzin , tout
est plus en grand ; pour juger de l’ensemble de
ce domaine, je prie de jeter les yeux sur la
planche 55, IIe série. Elle est dessinée en avant
du jardin de M. Léon Narichekine à Miskhor.