côtes occidentales du Bosphore Kimmérien, et
la rive du Palus jusqu’au Tanaïs.qui se décharge
dans une anse du Palus.
« Les Taures ont des coutumes particulières j;
ils immolent à une vierge faapámq) les étrangers
qui échouent sur leurs côtes et tous les
Grecs qui y abordent et qui tombent entre leurs
mains. Après les cérémonies accoutumées, ils
les assomment d’un coup de massue sur la tête.
Quelques-uns disent qu’ils leur coupent ensuite
la tête et qu’ils l’attachent à une croix, et qu’ils
précipitent le corps du haut, d’un rocher sur lequel
le temple est bâti.
<t D’autres conviennent du traitement fait à la
tête ;. mais ils assurent qu’on enterre le corps,
au lieu de le précipiter du haut du rocher ¿ Les
Taures eux-mêmes disent que la déesse à laquelle
ils font ces sacrifices est Iphigénie, fille d’Aga-
memnon ; quant à leurs ennemis, si un Taure
fait dans les combats un prisonnier, il lui coupe
la tête et l’emporte chez lui; il la met ensuite
au bout d’une perche qu’il place sur sa maison et
surtout au-dessus de sa cheminée. Ils élèvent
de la sorte la tête de leurs prisonniers, afin,
disent-ils, quelle garde et protège toute la maison.
Ils subsistent du butin qu’ils font à la
guerre.
Ce tableau des Taures peut servir de commentaire
à ce que dit Homère des Taures-Les-
— i l —
trîgons qui demeuraient autour de Balaklava.
Remarquons encore que nous retrouvons peut-
être dans ces paroles d’Hérodote, la source de
l’usage que j ’ai mentionné plus haut, t. IV,
p. 4^4 ? les Osses et les Lithuaniens aiment
comme les anciens Taures à suspendre sur des
perches, autour de leurs habitations , des têtes
et des ossements, qui dans l’origine étaient humains
, et que la civilisation a changés en têtes
de chevaux, etc.
Hérodote dit seulement qu’on immolait à une
ou à la Vierge les étrangers, sans nommer cette
divinité Taure, si redoutable et si cruelle;
d’autres auteurs l’appellent Oreilokhèn (pytAoyrd)
la Montagnarde (1). Sa ressemblance avec la
Diane antique des Grecs, l’avait fait surnommer
la Diane Taurique. Les Grecs anciens, aussi barbares
que les Taures, offraient à cette Diane de
jeunes garçons et de jeunes filles. L’horreur que
de pareilles coutumes inspirèrent aux peuples à
mesure qu’ils se civilisèrent, engagea sans doute
les prêtres, hypocrites en tous temps et en tous
lieux, à substituer à ces massacres humains des
cérémonies moins cruelles, et cela par un signe
convenu de la divinité. Ainsi naquit, dit-on, le
mythe d’Iphigénie remplacée par une biche. On
( i) Opsikoyjrii pour ôpsàeyjnç, qui demeure dans les montagnes.