dé ré, resserré entre le promontoire du milieu d
et celui de droite f. Le sentier contourne parmi
les genevriers, les cormiers et la vigne sauvage
, indice d’une ancienne culture.
Pour défendre ce point, l’un de ceux par lesquels
le sommet du rocher est accessible , on l’a
fermé d’un mur crénelé qui s’étend d’un promontoire
à l’autre, et qui s’appuie sur quatre
tours, dont une seule est semi-circulaire ; les
autres sont carrées. Toutes sont ouvertes par
derrière, et solidement murées à chaux en quartiers
de pierres à peine dégrossis. Le lierre s’est
étendu sur ces ruines abandonnées , et j ’ai admiré
les troncs énormes qui les embrassent et les
soutiennent.
Mon guide évita de me faire passer par la
porte qui est ménagée à gauche au bord du rocher,
à l’extrémité du mur : il préféra me faire
suivre à droite une saillie de rocher au-dessous
de laquelle est le cimetière des juifs karaïtes aux
tombes bicornes, et me faire entrer par une
passe étroite également fortifiée, à en juger d’après
les ruines qui restent.
Là , j ’avais presqu’atteint le sommet du plateau
et je me vis au milieu de ruines nombreuses
de maisons, parmi lesquelles Murawiew-
Apostol place une synagogue des juifs karaïmes.
Pour procéder avec ordre, je commençai par
redescendre pour visiter l’intérieur du Tabanadéré
(vallon de la Tannerie) que ferment la
muraille et les quatre tours. On n’y voit plus
que deux ou trois étages de cryptes, avec une
belle source. Jusqu’en 1800 quelques familles de
juifs karaïmes exercèrent ici leur métier de tanneur;
après eux, toute trace d’être vivant a disparu
de la ville de Mangoup (1).
Remonté au-dessus des cryptes sur le plateau,
je passai à travers quelques tombeaux turcs, me
dirigeant sur un petit édifice un peu moins maltraité
que les autres. Mon tatare me l’indiqua
du nom de KHissa, et je reconnus une petite
chapelle grecque dans le genre de celles de
la côte de Crimée ; l’abside et les parois latérales
avaient conservé quelques traces de peintures.
La K Hissa était entourée de tombeaux grecs
dans le genre de ceux que j ’ai décrits à Laspi,
consistant en un sarcophage avec une petite tour
devant (2). Ceux-ci sont les plus simples de ceux
que j ’ai vus; à peine un petit ornement; les
portes qui marquent le bas de la tour manquent
à plusieurs. La plupart des tours ont été brisées
à plaisir par des mains sacrilèges.
Un peu à gauche de l’église est une mosquée
( 0 La plus ancienne tombe des Juifs Karaïmes à Mangoup
avec date, est de l’an 5o34 (soit 1274de J.-C.), P. de
Koeppen, Sbornik, p. 29.
(2) Atlas, IV® série, pl. 27.