la prise de Kafa, en 1475, et c’est ce qui est contraire
aux faits. Kirkor n’a pas plus été génois
que Mangoup et qu’Eski-Krim.
Le nom de Tchoufout-Kalê ( forteresse des
Juifs} ne commença à être en usage qu’à la fin
du dix-septième siècle , lorsque la population
juive eut remplacé complètement la population
tatare qui s’était établie à Baktchisaraï : mais ce
nom n est connu que des étrangers, et les Juifs
entre eux ne se servent, dans leurs actes d’achats
et de ventes, que de L’ancien nom de Kirkor.
JJon peut se convaincre que Kirkor a été
beaucoup plus grand qu’aujourd’hui, par 1 W
pection.de la partie du promontoire que n’occu-
pent pas les Juifs. Elle est couverte de fondements
d’édifices en pierre qui peuvent appartenir
a une époque encore plus reculée que les khans
et les Tatares (1}»
Tchoufout-Kalé rentre dans la catégorie de
toutes les villes cryptés placées à l’entrée des
cluses crétacées , et dominées par des lieux de
(1) Selon d'e La Motraye, il y avait dans cette partie
du pi omontoire un puits ou citerne naturelle construite en
belles pierres et remplie d’une eau qui ne tarissait jamais..
L on ignore aujourd’hui où est ce puits qui a e'té sansdoute
bouché par les Turcs. Il lui parut antique. L’on gardait
ici de jeunes chevaux à l’herbe pour les grands festins
du khan ; on y avait, mis aussi des cerfs : il n’en existe
plus. Voyage en Eur.,.en.Asie^ II, p. 47.
refuge, fortifiés par la nature. Il a été habité de
tout temps, et n’a pas joué chez les Tauro-Scy-
thes un moindre rôle que Inkerman, Mangoup,
Katchikalène ou Tépékerman.
La ville crypte était taillée au-dessous de la
forteresse, dans les flancs du petit vallon. Les
cryptes sont simples et semblables à celles que
j ’ai décrites. Devant l’une de ces grottes, je vis
deux petites citernes creusées dans le ro c , avec
des ouvertures circulaires. Peut-être étaient-ce
des silos ? J’ai compté à peu près 5o cryptes de
ce côté-là. Sur le flanc du promontoire, un sentier
qui serpente parmi les cryptes, et qui est
taillé en partie dans le roc vif, avec des degrés,
menait des cryptes à la forteresse, en passant à
côté de quelques sources qui fournissent seules
de 1 'eau aux juifs. Des porteurs sont continuellement
occupés à la transporter sur des ânes
chargés de deux petits barils. Ce sentier est celui
que suivent les marchands juifs quand ils vont
a Baktchisaraï et qu’ils en reviennent le soir.
En face des cryptes vides, en paraissent d’autres
dans le rocher opposé à la forteresse ; elles
sont aussi abandonnées, à l’exception du monastère
de PAssomption de Notre-Dame, dont le
temple et les cellules sont encore cryptiques (1}.
( 0 Atlas, IIe série, pitt., pl. 46. Comparez avec la vue
que donne C. H. Montandon, Guide y pl. n° 14 • La grande