rendu imprenable à peu de frais : il commandait
une des principales portes de la steppe vers
la contrée montagneuse : il dominait tout; le
défilé dans toute sa longueur, la chaîne tauri-
que et les vallées qui sont au pied, et même la
Chersonese héracléotique entière avec une partie
de ses baies.
Que Mangoup, sous les noms de Manga thia,
Castron-gothias, ait été le chef-lieu des Goths,
la résidence de leurs princes et ducs, et la métropole
archiépiscopale de la Gothie, c’est ce qui
ne peut etre douteux. Brûlée, ravagée, entièrement
abandonnée depuis 1800, c’est le Mancop,
Mankup, Mangutum, Manguth des écrivains
qui en ont parlé depuis trois siècles (t).
( i) Math, de Miéchow ( i 5ai ) écrit Mankup. Mart.
Bronovius ( i 5¡)5) a Mancopia ou Mangutum, ut Turcam nocaut.
P. Bergeron, Traité des Tortores, p. 96, dit Mancop
et Manguth. De la Motraye visite Mancop sur une
montagne habitée par des Juifs et qui n’a rien de remarquable
qu’une ancienne citerne, II, p. 47. Le mot man qui
entre dans la composition de ManguthJ doit avoir une
signification particulière. Il se trouve dans Mancastm, ou
Moncastro (Akkerman), dans Mankermen, dans Mango u-
che, grand village de la Crimée près de Baktchisaraï,
dans Mangout, autre village de la presqu’île de Kertche,
non loin de Théodosie. Il est une partie essentielle de Ker-
man, forteresse sur un rocher composé de khor ou kheur,
en tatare, rocher nu, non boisé, et de man. Fera-t-on
venir ce dernier'mot de pov-h, n, demeure, habitation, ou
T cherkess- kerman.
En passant par la vallée de Chouli, j’ai laissé
à gauche de ma route un monument historique
et artistique, que je ne puis négliger cependant.
J’ai expliqué plus haut comment le nom de
Tcherkess-kerman, si extraordinaire, se trouve
au milieu des noms de la Tauride, et je n’ai pas
été le premier à avoir la curiosité d’aller visiter
les monuments que des Caucasiens ont pu y
laisser.
Une partie du trajet de Mangoup à Tcherkess-
kerman se fait en suivant le fond de la cluse
taillée dans l’épaisseur de la formation crétacée :
le fond ou thalveg est assez large pour donner
place à plusieurs villages du nom de Karales,
distingués par les épithètes de Jouharei (haut),
Orta (moyen), Achoa (bas); les côtés de la cluse
sont à pic et l’on est obligé de faire un grand
détour jusqu’à Orta-Karales avant de trouver
soit une gorge, soit une entaille qui permette
d’escalader le plateau par lequel on arrive à
T cherkess-kerman.
De Kodjasala à Joukarei-Karalès, l’on est
de moener, goth-runique, chambre, caverne ; faîte d’une
maison? Kerman n’est-il point le nom taure primitif d’une
ville crypte ?