nards des chaos d’Oursouf; j’y ai trouvé des té-
rébratules jurassiques, Vornithocephala entre
autres, qui appartient au Coral-rag supérieur en
Allemagne. Ces débris reposent indifféremment
sur le schiste et sur le grès rouge, et l’on s’étonnerait
de les voir en si petit nombre quoique
plus rapproché de la muraille jurassique, si en
perçant le rideau épais des noyers qui masquent
la vue , l’on ne retrouvait à quelques
cents pas au-dessus du village, de nouveaux
échantillons erratiques qui ne laissent rien à désirer.
L’un est le rocher isolé de Ghélinkaïa,
autrement appelé Kisiltache (la pierre rouge).
Il est posé sur le grès rouge à peu près comme un
des énormes blocs de granité des Alpes sur les
flancs du Jura. Sa hauteur est de 80 pieds environ,
sa longueur de 2 à 3oo pieds : ce bloc est
séparé en trois fragments, et les couches redressées,
arrondies à leur sommet se trouvent
dans un sens opposé à la disposition générale de
la chaîne. Trois faces du rocher sont à pic; la
quatrième qui regarde la chaîne taurique a arrêté
des déblais qui ont fait une espèce de pont naturel
contre le rocher. Le côté étant facile à
aborder, il a fallu le défendre contre les attaques,
et l’on a construit à chaux un mur d’un
précipice à l’autre, avec une tour carrée qui défendait
la porte. Je n’ai vu que cela : la plateforme
même du rocherr quoique assez vaste, ne
renferme pas d’autres traces d edifi.ee. Je n ai
pas besoin de dire que l’on a d’ici une vue magnifique,
et M. de Koeppen suppose qu’un pareil
observatoire a dû servir à entretenir des
signaux avec le chateau d Oursouf et avec la
cime de l’Aïoudagh, ce qui aurait été fort superflu
cependant, si l’une des principales routes
de la côte, de Parthénith et d’Oursouf surtout,
n’avait passé tout près de là pour traverser la
chaîne taurique par le Gourbete-Dere : elle
tendait à Katcbi-Kalene et dans la vallée de la
Kalche par Kououche.
Kisiltache a aussi ses légendes. Les Talares
de Kisiltache racontent qu’une jeune fille poursuivie
par Un ravisseur, se sauva sur ce rocher;
voyant qu’elle ne pouvait échapper, elle se jeta
du rocher en bas. Sa chute fut si heureuse
qu’elle arriva au pied du rocher sans se faire
aucun mal. Les Grecs ou les; habitants d’alors du
village, reconnaissants envers la divinité, consacrèrent
cette place à Dieu et y construisirent
un. monastère. Ils ajoutent que le nom de Kisil—
tache (pierre rouge), doit se prononcer Koésil—
tache (la pierre de la \ ierge), quoiqu’il soit
manifeste qüe le premier nom est le vrai, à voir
le rocher qui est effectivement teint de rouge
sur ses faces, comme les rochers de Kisilkoba.
Quel rapport cette antique légende que les
Talares ont recueillie des Grecs peut-elle avoir