Elle aurait dû au contraire relever l’église de
Saint-Basile de ses ruines, rétablir la chapelle de
Saint-Wladimir, qui est tout près de là, et dont
on reconnaît le plan sur la colline de déblais : ce
sont les vrais monuments de la Russie. Elle devait
laisser subsister les murailles, les portes et les
tours, qui étaient encore debout en 1794) et que
le Tatare même avait respectées (1) au lieu de les
détruire, utiliser cette place, aujourd’hui déserte
( i ) Pallas, V o j. en Crimée, t. II, p. 76. M. Bronovii,
Tartance descr.y p. 6, décrit comme suit Cherson en 15g5.
Urbs murum altissimum et magnum, turresque plurimas
et maximas, ex secto et grandi lapide erectas, nunc etiam
habet, ac tota mari exposita existit. — Urbs ilia à multis
non solum annis, verùm soeculis et hominibus et habita-
toribus prorsus vacua, funditùs diruta, ac in vastitatem
redacta est. Mûri et turres integræ adhuc et miro opere
sumptuosè factæ, conspiciuntur. Principum Regia vel do-
mus in ea Isthmi parte, et urbis mænibus, turribus, et
portis magnificis existit. Verùm à Turcis insignes colurn-
næ marmoreæ et serpentinæ , quarum intus adhuc loca
apparent, et grandiores lapides, spoliatæ et per mare ad
sedes eorum in ædificia publica et privata deportatæ sunt.
Id circô ad majorem ruinam ea urbs pervenit : non ædium
et templorum nec vestigia quidem in ea visuntur. Urbis
ædificia humi prostrata et solo æquata sunt, etc. Marq. de
Castelnau, Essai sur la N ow . Russie, t. III, p. 201 ; Mu-
rawiew-Apostol, Reise durch Taurien, p. 5g; Voyageshist.
et géogr. entre la Mer Noire et la Mer Caspienne, troisième
partie, extr. du journal d’un voyage fait au print. 1784,
p. 26. Paris, 1798, in-4°.
t
et si tristement aride. Mais le premier jour de
Sévastopol fut le dernier de Cherson.
« Lorsque nos troupes s’emparèrent de la
Crimée, dit Karamsin(i), beaucoup de murailles
étaient encore entières, ainsi que la belle porte
de la ville et deux tours. Elles n existent plus
maintenant, car on en a pris les pierres pour les
constructions de Sévastopol. La quantité de marbre
travaillé qu’on trouva dans les ruines, prouve
que les Chersonésiens aimaient aussi le luxe. »
Qu’attendre des matelots qui furent envoyés
pour chercher des matériaux parmi ces ruines ?
Rien ne fut respecte. Plus de la moitié des murailles
fut renversée pour construire la Quarantaine,
qjll’on ne reconnaît la belle porte d entrée
et les deux tours qu’à deux monceaux de pierres
informes qu’ils ont délaissées.
Et enfin, quand l’ordre général vint de la part
de l’empereur Alexandre, zélé protecteur des
monuments de son empire, d’arreter ce vandalisme,
déjà il n’y avait plus rien de précieux a
ménager.
Néanmoins l’on chargea l’ingénieur Kruse de
faire quelque fouilles ; j ’ai dit qu’il déterra trois
églises, dont il déblaya les approches en les entourant
d’un mur; qu’il fit déposer dans l’en-
(1) Karamsin, Hist. de Russie, éd. ail., I, 362, ou note
4*5.