sans être vues aux jeux et aux fêtes qui se donnaient
dans la cour. D’ailleurs la vue d’en haut
est ravissante sur la ville et le vallon de Baktehi-
saraï. Le khan faisait garder ses faucons dans
cette tour.
En face de cette série de corps-de-logis, tous
destines aux jouissances de la vie, aux plaisirs,
aux divertissements, aux pompes mondaines, se
présente tout ce qui pouvait faire contraste et
servir de modérateur et de contre-poids aux
excès de la puissance, une mosquée et un cimetière,
Dieu et la mort.
La mosquee, d’un bon style, est ornée de
deux hauts minarets d’un beau travail. Le khan
montait par l’escalier extérieur, ombragé d’un
peuplier, à une tribune qui lui était réservée*
et où les étrangers vont de nos jours assister aux
prières et à la danse des derviches.
Un petit mur, percé de meurtrières, prolongement
de la mosquée, sépare la cour de la terre
du repos, qui porte les dômes funèbres dans
lesquels sont déposés les corps des khans qui
n’avaient qu’un pas à faire de leur demeure terrestre
à leur demeure éternelle. Pallas nous a
conservé les noms de ceux qui reposaient dans
le premier et le second de ces monuments (1).
( i) Ces déüx dôines existaient déjà en 1711. De La Mo-
traye/^oj., II, p. 42. Pallas nomme comme suit les khans
Quand j’y fus, il régnait dans ce cimetière, où
l’on avait déposé aussi les serviteurs du khan, ses
femmes, les prêtres de la mosquée, le plus grand
désordre, et les broussailles et les ronces en faisaient
un lieu repoussant, où l’on pouvait à peine
reconnaître le portique élégant à colonnes que
Pallas attribue à Mengli-Ghéreï. Aujourd’hui
tout a été réparé, et par l’ordre de l’empereur
Nicolas, le palais entier a été restauré et remis
dans son état primitif, l’architecte Elson, auquel
on a confié ce travail, ayant suivi scrupuleuse—
qui y étaient déposés : dans le premier dôme Islam-
Ghéreïf -j* io 65 Hégire (t 654); Batyr ou Bahudur-Ghèreï,
■f i i 5i H. (1641); Mehmet ou Mohammet - Ghéreï III,
-f 1075 H. ( i 665). Dans le second dôme i Adil ou Adel-
Ghèreï,\ 1082 H. (1671). Murat-Ghéreï, dépossédé en
1092 H., -{* 1093 H. (t68â). Safa-Ghérei, -j" l i o 4 H.
(1692); Hadji-Sélim-Ghêrei, -f 1116 H. (1704) ; Dewlel-
Ghéreï, fils de Hadji-Séiim, -j- H2Ô H. 1713); Saadct-'
Ghéreï, -f 1187 H. (1724); Kaplan-Ghéreï, fils de Hadji-
Sélim, -j- n 49 H. (1737); Mengli-Ghéreï, fils de Kaplan-
Ghéreï, -j" en 1 i 54 H- (1743)5 Schlamet ou Sélim-Ghéreï,
fils de Hadji-Sélim , -f- 1 156 H. (1743). En dehors des
dômes il reste encore, dans des tombeaux particuliers :
Sélim-Ghèreï, -f 1161 H. (1748); Arslam-Ghèreï,\ n 65
H. (1751), et Krùn-Ghéreï, -f 1 166 H- (1752). Aucune de
ces trois dates ne concorde avec la vie connue des khans.
Sélim-Ghèreï est mort en 1167 H. (1753). Arslam-Ghéreï
vivait encore en 1169 H (1775), et Krim-Ghéreï mourut
empoisonné en 1183 H. (1769).