menses, qui hérissent pittoresquement le fond
de la vallée ; dernièrement une catastrophe
pareille a écrasé un grand troupeau de moutons.
Pour étudier le n° 11 et le n° 12 , nôtre néo-
comien, il faut sortir de la cluse et s’avancer
dans la combe vers le pied de la chaîne Tauri-
que. J’en ai marqué la limite dans ma carte par
le vallon de Chouli, par Adeim-Tchokrak, Bias-
sala. En montant de ce village vers Mangouche,
On trouve au-dessus du schiste une roche sablonneuse
, jaune, comme la pierre jaune du
néoeomien à Neuchâtel. Elle est quelquefois
pétrie de gros gravier et devient un poudingue
rempli de pétrifications. Mais nulle part, en
Crimée , le néoeomien n’obtient un développement
plus intéressant, plus riche en faits nouveaux
et faciles à étudier, qu’à Mangouche et sur
les rives de la Badrak et de l’Alma.
Mangouche se reconnaît de loin à deux collines
semblables à des cônes tronqués. Ces collines sont
là comme les postes avancés de la formation crétacée.
Elles se composent, ainsi que le fond du sol
qui s’étend jusqu’à la chaîne Taurique, en schiste
du lias, semblable à celui de la côte, lé même qui
supporte les roches calcaires jurassiques. La
Katche jusqu’à Biassala, la Badrak jusqü’à Mangouche,
l’Alma jusqu’à Karagatche, sOnt encaissées
par ce schiste en dos et en contreforts. Il
est contourné dans ses couches comme il l’est
généralement le long de la côte.
Les deux collines coniques de Mangouche
méritent qu’on les étudie sous ce rapport (1).
On voit les couches du schiste monter, se briser
, redescendre et remonter comme les vagues
de la mer.
Sur ce schiste ainsi contourné et révolutionné
repose l’étage du néoeomien dans une horizontalité
presque parfaite. C’est un calcaire jaune,
sablonneux, dans lequel se trouve un banc de
sable aussi jaune, rempli de fort beaux fossiles
(2). Cette formation fait corniche au sommet
de la colline, et sa teinte tranche sur le
noir du schiste.
Le néoeomien, en reposant ainsi immédiatement
sur le schiste, en a enclavé les têtes redressées
des couches qui hérissaient le fond de
la mer ; mais on ne voit pas d’altération , ni d’usure
à ces têtes de couches , ce qui prouve que
le dépôt du néoeomien a dû se faire dans une
mer assez profonde. D’ailleurs, il n’y a pas de
cailloux roulés dans lë néoeomien, sauf quelques
petits échantillons arrondis de quartz blanc.
(1) Atlas, Ve série, coupes et plans, pl. i 3.
(2) Ce lit de sable jaune repose immédiatement au-
dessus d’une couche de calcaire jaune de 2 pieds d’épaisseur
qui le sépare du schiste.