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 considérables,  puis l’on monte  sur  le dos d’une  
 colline,  encore marquée des profondes ornières  
 queles chariots ont laissées dans le roc. Une nouvelle  
 série des plus belles campagnes  de la  Cher-  
 sonèse (n°  4>  5  et  6)  borde  ensuite  la  route à  
 droite,  et  l’on arrive enfin précisément au  haut  
 de cette gorge si remarquable que j ’ai décrite plus  
 haut,  limite des formations les plus  anciennes et  
 les plus récentes de  la Crimée  (î). 
 L à ,  au  sommet  de  ce  précipice,  s’élève  un  
 grand  rocher  de  calcaire  jurassique,  qui  s’avance  
 en pointe sur l’abîme,  comme  une plateforme  
 isolée,  restée  de  niveau  avec  la  steppe  
 environnante (2).  Au milieu s’élèvent les fondements  
 d’un  édifice  isolé  presque  carré,  construit  
 comme  les  donjons  de  la  Chersonèse,  en  
 grandes  pierres  de  taille  de  tertiaire  jaune.  Il  
 était  à  l’angle de deux murailles qui,  s’avançant  
 l’une à l’ouest,  l’autre au  sud, jusqu’au bord du  
 précipice,  formaient du reste  de  la  plate*forme  
 une espèce de cour,  dont  la porte d’entrée  re-*-  
 gardait  la  Chersonèse  et le  chemin. 
 Le  plan de  cet  édifice  ne peut  convenir  qu’à  
 un  temple;  car  il  n’y a  ni  puitsi  ni  bâtiments 
 (1 )  Suivez  cette description  sur là pl.  20 de 1$ ï ta série,  
 plan de la Chersonèse héracléotique. 
 (2)  Atlas,Ve série,  pl.  16. 
 adjacents ,  ni  rien de ce qui  caractérise une maison  
 d’habitation. 
 Pierres  vénérables,  que  vous  êtes  rongées!  
 comme  la  dent  du  temps  s’est  appesantie  sur  
 vous !  Combien  de  fois ,  appuyé  sur  la mousse  
 rare  et les  plantes maigres  qui vous recouvrent,  
 j ’ai cherché à scruter les mystères de vos ruines,  
 sans  rien  trouver  de  votre  antique  gloire,  ni  
 marbre,  ni autel,  ni  statue (1). 
 Sans  contredit,  nul  point  de  la  Chersonèse  
 n’était  plus  approprié  au  culte  de  la  déesse  
 taure  que  celui-ci  :  c’est  le  seul  par  lequel  
 la  mer  soit  abordable ;  c’est  par-là  seulement  
 que  les  cruels  Taures  pouvaient  courir  au  secours  
 des naufragés ,  pour  les  sacrifier  ensuite.  
 Et  quel  théâtre  que  celui  de  ce  rocher ,  au  
 haut  duquel  tout  un  peuple  nombreux,  réuni  
 sur  les  rochers  voisins  comme  sur  les  bancs  
 d’un  amphithéâtre,  pouvait  suivre  le  sacrifice  
 des  victimes  qu’il  voyait  tomber  dans  l’abîme  
 ! 
 Si  le temple de la déesse  taure n’était pas  ic i, 
 ( i )   Sur  les  pierres  du  temple  végète  en  foule un  jolie  
 espèce  nouvelle  d'Hélice,  à  laquelle  j ’ai  donné  le  nom  
 d’Hélix Iphigenioe. Elle  a beaucoup d’analogie avec l’Hélix  
 ericetorum  Muller ; mais  elle  est  plus  petite ; elle  a  l’ombilic  
 à proportion plus grand ;  sa  couleur  est  invariablement  
 blanche sans autre marque. Sa spire est plus aplatie.