muraille calcaire de Crimée n’est plus sujette
aux éboulements ; il n’y a pas d’année que quelques
fragments ne s’abîment en roulant sur la
pente escarpée qui n’est à sa surface qu’un chaos
incompréhensible. L’un des derniers éboulements
qui a eu lieu au-delà de Foroze , mérite
d’être visité pour juger de leur puissance ; deux
blocs qui se sont arrêtés à mi-côte, se sont dressés
sur leur base étroite, de manière que le plus
grand ressemble à une pyramide de i 5o pieds
de haut. Ajoutons que nulle part les couches ne
sont plus redressées que dans cette partie de la
chaîne Taurique.
L’agent igné, continuant à façonner le sol, a
crée ensuite la vallée de Laspi en détachant le
mont Ilia de la chaîne principale, comme l’expliquera
le dessin de la Ve série, pl. 20. Le mont
Ilia, violemment écarté, s’est arrêté, suspendu
sur les flancs du schiste mis à jour dans la vallée
par ce déchirement. Naturellement cette vallée
qui longe l’axe de la chaîne, devrait s’ouvrir
aussi bien vers Foroze que vers Laspi, si les jets
de porphyre amygdaloïde ne l’avaient remplie
en montant à plus de 1,000 pieds d’élévation.
L à , soulevant le schiste et une légère
couche de grès qui le sépare du calcaire, ils ont
formé une digue de 100 pas de large, qui joint
comme un pont le mont Ilia à la chaîne principale.
Sur le sommet assez plane de cet isthme, sont
une dizaine d’aiguilles énormes, la plupart pyramidales
ou coniques, ayant jusqu’à 4° et 5o
pieds d’élévation (1). On pourrait croire qu’ils
appartiennent à un ouvrage semblable au Sto-
nehenge de l’Angleterre, si l’on pouvait s’expliquer
la possibilité de mouvoir de pareilles masses
, du poids de 3o à 40^000 quintaux. Mais ici
la géologie offre une solution toute faite, toute
facile. L’on remarquera que la chaîne principale,
au mont Çkabourla, a ses couches verticales
; il me semble que ces aiguilles sont les débris
de semblables couches ou assises, quise
sont séparées et dressées sur le schiste, lors de
fécartement de deux massifs.
Vancien village de Laspi s’étendait de ces
aiguilles, pittoresques , jusqu’à demi-verst plus
bas dans la vallée à l’ouest. Nulle place n’offrait
une plus belle exposition. Quelques maisons
avaient été appuyées contre les aiguilles,
et l’on jouissait de là d’une vue magnifique sur
la vallée de Foroze et sur la mer, tout comme
on planait de l’autre côté jusqu’à l’Aïa. J’ai retrouvé
les ruines de l’église un peu en-dessous ;
(1) Proportionnellement au Mont Ilia, elles sont grossies
dans le dessin ; mais pour juger de leur vraie grandeur,
qu’on prenne la vue de la vallée de Laspi, IIe série,
pl. 57.