La vue que j ’en ai donnée servira à faire comprendre
ce que sont des cryptes, quand elles
sont habitées ; et quand on y a ajouté à l’extérieur
des cloisons en bois, des murs, des toits,
des escaliers, des galeries, e tc., comme c’est ici
le cas. L’on voit très-bien que ce monastère
n’occupe qu’une très-faible partie des anciennes
cryptes dont plusieurs devaient être immenses.
Les éboulements des rochers ont fait crouler la
plupart des façades, et il ne reste plus que la
partie reculée ou le fond des cryptes, ouvertes
ainsi à tous les regards. Une saillie de rocher ,
aujourd’hui couverte de buissons, servait jadis
de rue pour l’étage supérieur qu’occupe le monastère
; les Grecs riches aiment à se faire ensevelir
sur ce sol sacré, et les croix blanches taillées
en pierre désignent leurs tombes.
Le chemin principal qui mène à Baktchisaraï,
plus long que le sentier, passe en tournant au
fond du vallon du monastère, à côté du magnifique
groupe de chênes qui remplissent l’extrémité
du plissement du vallon. La surprise
augmente en approchant, et le nom de Vallée
fête du monastère est le i 5 du mois d'août : il se fait alors
un concours prodigieux de pèlerins venus de toute la
Crimée. Son nom, dans l’ancienne hydrographie russe
(en russe), p. 16,„est Soiontckouki 7 qu’on prononce aujourd’hui
Salatchik.
de Josaphat que lui donnent les Karaïmes, est
justifié par le nombre considérable de tombes
taillées en craie blanche, rangées sous les arbres
et le long des sentiers. Leur teinte éclatante
ressort sur les buissons et sur le gazon qui recouvrent
ce jardin soigneusement entretenu.
Les plus simples de ces tombes sont les plus
anciennes; elles ont l’air de cercueils en
pierre (1). D’autres, comme les tombes grecques,
sont surmontées d’une forme de tour qui
se répète chez les Karaïmes aux deux extrémités
(2). Pallas les désigne sous le nom de iom-
bès-bicomes. Sur quelques rares sarcophages,
sont dressées sur le devant des plaques ornées
de rosaces (3). Elles rappellent les cippes des »
tombes des Juifs polonais. La plupart portent
des inscriptions hébraïques, dont les plus anciennes
ici sont de l’an 5oog et de l’an 5o i3 du
monde (1249 et 4 253 de J.-C.) (4). A côté de ces
tombes variées et élégamment taillées, il en est
qui ne consistent qu’en amas informes de pierres
entassées : c’est la sépulture du pauvre.
J'ai dessiné, IIe série, pl. 461 l’aspect général
(1) Atlas, IV1' série, archéol., pl. 3o, fig. 7.
(2) Id., id., fig. 8. Tombe bicorne ancienne, fig. 9.
Tombe bicorne plus récente.
(3) Id., id.,fig. 10.
(4) P. de Koeppen, Krimskii-Sbornik, p. 29e t 3o8.