Baïdar par la Skala, suivent un chemin qui longe
le pied de la muraille jurassique. Arrivés au-
dessus de Moukhalatka, près des restes d’une
ancienne fortification j§ ils trouveront la célèbre
Skala, chemin pratiqué sur les flancs du rocher
au moyen de degrés en bois et de nombreux
contours. Les chevaux tatares habitués à ce traje
t, le montent et descendent sans peine; il'ne
faut que les laisser aller et bien se tenir sur sa
selle. Sans contredit, c’est un des points les
plus pittoresques de la côte ; mais je ne conseille
à aucun voyageur qui voudra jouir de la fraîcheur
et de la beauté de la vallée de Baïdar, de
s’y rendre après avoir parcouru la côte. Ce
grand bassin de schiste, dans un grand écartement
de la chaîne calcaire, semble mis à sec et
n’avoir conservé que son enceinte de roches brisées,
à demi-boisées : au lieu d’eau, c’est un tapis
de verdure semé de villages et de forêts. Pas un
seul point d’ou l’on voie la mer ; pas un petit lac;
à peine un maigre ruisseau. — Voilà pourquoi le
voyageur qui vient de planer le long de la côte
de Crimée sur tout ce qu’il y a dé plus magnifique
en fait d’immensité des ondes, de plus hardi,
de plus effrayant, de plus sauvage en faitdè roches
et d’abîmes , de plus rapide en fait de contrastes
, déplus gai, déplus riant en fait de golfes
gracieusement encaissés et dé reflets brillants,
de parcs, de villages, de châteaux gothiques, est
tout étonné quand il a jeté, du haut de la Skala,
son dernier regard sur cette nature enchanteresse,
de trouver la vallée de Baïdar tant vantée,
si morte, si noire, si froide, si monotone.
Il a quitté les lauriers>, la vigne élancée, les té-
rébinthes , les plaqueminiers et les cyprès , et il
ne trouve plus que la trivialité des poiriers et des
pruniers.
Traversez au contraire la steppe aride et sèche,
et venez à la côte en passant parce magnifique
portique de verdure, alors, comme lady
Craven, vous trouverez ce vallon enchanteur,
délicieux; vos yeux se reposeront sur ces forêts
d’arbres fruitiers et sur ces montagnes boisées ;
Varnoutka, Baïdar vous paraîtront ravissants,
parce que vous trouverez des arbres autour des
maisons.
Cependant, sans faire tort à la vallée de Baïdar,
je dirai que le Val de Ruz près de Neuchâtel,
de toutes les vallées que je connais celle qui
lui ressemble le plus, est encore plus gai, plus
riant.
Cratère d’éruption et de soulèvement de Foroze et Laspi.
L’autre route, qui mène à Laspi descend insensiblement
jusqu’à Moukhalatka, au-devant
duquel deux jets de porphyre ont percé près de