de large et autant de profondeur : la dalle entrait
dans une rainure comme à Inkerman.
D’autres tombes étaient excavées dans les parois
du temple et fermées par des plaques placées
de hauteur.
Au fond du temple, vers le midi, il existe à
gauche une espèce de niche surmontée d’une fenêtre
, et à droite un puits g dont la bouche est
élevée de deux pieds au-dessus dü niveau du
sol. Je suppose qu’il était fermé par une pierre
qui servait d’autel : l’image était peut-être représentée
sur un grand cadre de pierre en relief
qui est au- dessus du puits, et à côté duquel l’on
voit les seules lelti'es sculptées que j ’aie trouvées
dans les cryptes de la Crimée (1). On y reconnaît
des traits grecs dont il m’a été impossible
de faire un mot : peut-être ce sont les quatre
lettres ©E0 2 . .Quand à l’image peinte supposée,
je n’ai pu en retrouver la moindre trace,
et il est possible que je me trompe.
Le puits g communiquait avec une grande
crypte profonde, creusée immédiatement sous
l’église : vrai charnier, l’on y voit des milliers
d’ossements entassés, les uns sur les autres; les
têtes sont bien conservées. L’entrée par la paroi
extérieure du rocher n’est qu’un trou carré par
lequel on a peine à passer, et par où l’on jetait
(1) Atlas, IVe série, pl. 26 b.
les ossements, à moins qu’on ne les descendît
parle soupirail que j ’ai indiqué, qui devenait
alors un vrai autel expiatoire. Les tombes des
habitants de Tépékerman étaient pratiquées non-
seulement dans l’église, mais aussi dans plusieurs
autres cryptes voisines du temple, munies
de tombes et de niches tumulaires comme l’église
: elles sont remplies d’ossements, et le fond
des cryptes en est aussi couvert. Il est probable
que ces cryptes étaient autant de chapelles funéraires
dans lesquelles on vendait des places à
qui pouvait payer, et quand une fois les os
étaient consumés, ou que la famille qui aurait pu
faire des réclamations n’existait plus, on les
en retirait pour faire place à d’autres. Au reste,
ces chapelles ou caveaux funéraires ne diffèrent
en rien de ceux qui entourent Cherson et les
églises d’Inkerman.
J’ai traité peut-être avec trop de détails
tout ce qui a rapport aux cryptes de la Crimée.
Mais peut-on mettre assez d’importance à des
monuments qui sont presque les seuls témoins
d’une civilisation si antique, qu’elle remonte au-,
delà des bornes de l’histoire. Où irons-nous autre
part étudier les moeurs des hommes, quand
ils vivaient dans des cavernes, comme disent
les mythes, et se nourrissaient de glands ? Il est
de fait qu’une grande partie des populations de
l’Asie, en devenant stables, ont commencé à se