routes ne porten t donc aucune trace de polissure,-
et les seuls ornements, si on peut se servir de ce
terme, résultent des raies croisées qu’a laissées
la pique, travail fort grossier, où l’on ne soupçonnerait
pas même que l’artiste ait voulu chercher
à obtenir quelque effet artistique.
Par le laps de temps , des groupes entiers de
cryptes se sont détachés de la paroi principale ;
il s’est fait des fissures ; des passages sont bouchés;
des escaliers extérieurs qui faisaient communiquer
les différents étages de cryptes se
sont usés et sont devenus impraticables, et malgré
leur nombre, la majeure partie des cryptes
est inabordable. Celles qu’on peut visiter sont
en général moins bien conservées que celle de
Katchikalène ou de Tépékerman, et pour ne pas
répéter des détails qui sont partout les mêmes,
je réserve une description plus particulière de
cette architecture primitive des Taures pour ces
deux localités que j ’ai étudiées avec encore plus
de soin.
Les cryptes d’Inkerman s’étendaient sur les
faces d’un second rocher qui est le prolongement
du premier ; mais malgré leur nombre infini,
qui faisait ressembler ces rochers à ceux de
laThébaïde, il n’en restera bientôt plus. Le
lieutenant Krusè, chargé par contrat de fournir
les matériaux nécessaires à la construction des.
nouveaux aquéducs, des docks et d’autres édi—
fices publics, pour s’épargner le plus de frais et
de peines, a jugé convenable de s’attaquer principalement
à cette dernière paroi de cryptes,
qui facilitent l’exploitation par la mine et la
poudre. Des groupes entiers de cryptes s’écroulent
ainsi à la fois, pour être dépecés, taillés, ou
pour passer dans ses fours à chaux. Il me fit
peine de voir ces mutilations qui n’ont presque
rien laissé d’entier de ce quartier d’Inkerman ,
qui n’était pas le moins intéressant. Il renfermait
, d’après ce que j ’ai pu en juger, des pièces
curieusement taillées, avec de petits dômes, des
fenêtres triples, comme celle de l’église, etc.
Aujourd’hui les escaliers et autres voies de
communication entre les différents étages ont
disparu, et vu l’activité de M. Kruse, je ne
doute pas qu’à l’heure qu’il est, il n’ait effacé
jusqu’au moindre vestige de ce précieux monument
de la patience humaine , et dans 20 ou 3o
ans on s’avisera peut-être de douter de son
existence (1).
Pourvu que le gouvernement ne permettepasà
M. Kruse d’attaquer l’autre quartier de cryptes
(1) Le dessin de Pallas ,.t. IL pi* 6, qui a été pris en
face des deux quartiers de cryptes, est très-vrai dans tous
ses détails : en le comparant au mien, on verra combien
il resté peu de traces dé celles qui étaient dans le rocher
exploité par M. Kruse : dans mon dessin, il est marqué
sous le ®q 7 ; dans celui .de Pallas, il esta droite.