reste de refuge aux troupeaux qui n’ont pu trouver
un abri sur la côte plus tempérée de la Crimée,
que la Chersonèse héracléotique, la dernière
qui se couvre de neige, favorisée par la
mer qui l’entoure de trois côtés : elle ne la garde
que quelques jours. Elle est envahie alors par les
troupeaux; on voit les bergers leur chercher un
abri au fond des ravins, où ils les font parquer,
tandis qu’ils se cachent eux-mêmes au fond
d’une grotte sépulcrale ou au coin d’une masure.
C’est la masse de fumier de brebis, qui s’accumule
ainsi d’année en année, qui sature le sol,
dont la nature est reconnaissable à la prodigieuse
quantité d’absynthe qu’il produit. M. de Stéven
a fait d’intéressantes observations dans les villages
des steppes sur la fatale propriété du fumier
de brebis.
Quand les Héraeléotes et les Déliens se sentirent
les plus forts, ils cherchèrent un emplacement
plus commode et surtout plus au centre
de la Chersonèse à laquelle ils devaient emprunter
leur existence. Ils ne pouvaient mieux choisir
que celui ou ils bâtirent la Nouvelle Cherson
(1). Entre toutes les positions possibles,
(1 ) Chersonesus et Cherronesus sont les, noms des
anciens auteurs. Dans leurs annales, les Russes l’appelèrent
Kherson et Korsun qui, dans leur langue, devint
l ’équivalent de p re squ ’ île . Pierre Vessconti, en 13i 8, l’apnulle
n’était moins escarpée du côté de la mer,
plus unie, plus commode à aborder du côté de
terre, et malgré cela, nulle .n’etait plus facile a
défendre, car elle est placée entre deux baies vastes
et sûres : les Chersonésiens, riches ainsi de
deux ports, n’eurent qu’à élever une murailled’un
rivage à l’autre pour etre en pleine securité.
La position de la Nouvelle-Cherson, relativement
à l’ancienne, est fixée par les paroles de
Strabon.
« Celui qui navigue à gauche ( en partant du
golfe Karpinites) trouve d’abord une petite ville,
puis le Kalos-Liméne (baie de Sévastopol) appartenant
auX Chersonesiens. Alors le navigateur
voit en face de lu i, au midi, s avancer un
grand promontoire qui fait partie de toute la
Chersonèse sur laquelle les habitants d’Héraclée,
du Pont-Euxin > ont bâti la ville de ce nom.
« Cette ville a un Parthénon, temple d’une
certaine Divinité qui a aussi donné son nom au
cap Parthénique situé à 100 stades de là, et
pelle Cersona ; les géographes des quinzième et seizième
siècles défigurèrent ce nom en celui de Giriconda, de G e r i-
. sonda, de Gerezonda, de Z u r zon a . Les Tatares en firent
celui de Tchortchoun ou de Tchorgoun , resté à un village
bâti sur le Bïouk-Ouzène, non loin des limites extérieures
fie la Chersonèse. Cherson s’appelle aussi chez quelques
auteurs S a r ik en n a n (château jaune), ou S a r i-G e rm cn,
S ar ich e rm an, etc. Voy. Bronovius, Schiltberger, etc.