et de grès du lias, ce qui caractérise la côte plus
à l’est.
Les couches de l’Aïa-Bouroun sont toutes
redressées sous un angle de 45° plus ou moins,
non pas parallèlement à la gorge, mais de biais.
Par ce renversement, les formations inférieures,
le schiste et le grès avec poudingue, invisibles le
long de la mer, sortent tout à coup au fond de
cette gorge comme au fond d’une combe lia-
sique du système de M. Thurmann.
On est singulièrement frappé à l'aspect de la
tête des couches, coupée rase, sur un plan horizontal,
et formant encore ici en petit une table
ou yaïla, semblable à celles du Tchatyrdagh,
de la Karabi-yaïla que j ’ai décrites. Comment
s’expliquer le phénomène qui a ainsi tranché
sous un niveau uniforme toute l’épaisseur d’une
formation considérable, de façon à créer une
table unie ? Les roches jurassiques ne sont pas
les seules qui aient été ainsi traitées. N’ai-je pas
déjà signalé le même fait pour les poudingues à
couches redressées, qui supportent les dépôts
horizontaux ou relativement peu inclinés de la
formation jurassique à Djamataï et à K is il-
boba (1)? Et dans les terrains plus récents, je
citerai les couches d’argile à potier, rasées uniformément
au cap Blanc près de Kertche, et
( i ) Atlas, V e série, pl. 12, fig. 7 et pl. 19.
recouvertes d’une série de couches tertiaires
beaucoup plus récentes (1).
Je reviens sur le phénomène des yaïla, parce
qu’il touche de si près à la grande question des
roches polies, qu’on désirera faire des rapprochements;
mais, je le répète, je n’ai vu ni soupçonné
nulle part de roches polies; cette dénégation,
n’a sans doute aucune valeur de ma part; je
n’avais pas les yeux attentifs sur les faits de
la nouvelle théorie des glaciers. Néanmoins
j’estime qu’il n’existe en Crimée ni moraines
ni blocs erratiques qu’on puisse attribuer à
des glaciers ; tous les terrains erratiques semés
le long de la côte sous forme de chaos, de
digues, ou disséminés par blocs comme les
granités du Jura, trouvent leur explication
naturelle dans les phénomènes plutoniens ou
dans les divers soulèvements et éboulements de
la chaîne Taurique.
Revenons à la gorge du temple cP Iphigénie.
Sous le jurassique, changé en marbre veiné de
rouge, sort un poudingue ou grès qui alterne
d’abord avec le marbre dont il emprunte la
teinte rougeâtre, due à son ciment ferrugineux.
Les couches inférieures sont grises et se reposent
sur le schiste noir qui paraît aussi comme base
continuelle de tout le système taurique.
( 1 ) Atlas, V* série, pl. i 5, fig. 1.