d’une autre forteresse dont j’ai marqué la place
daps mon dessin, sous le nom de Limene-
Kale (1). Ce rocher, à pic de toutes parts comme
l’on s’en convaincra en passant par l’ancien sentier
qui longe la mer et au-dessus duquel il surplombe,
ne présente, pour arriver sur la crête,
qu’un étroit passage défendu par une forte muraille
murée en moëllons ad implectum, c’est-
à-dire par encaissement, en garnissant l’intérieur
d’un blocage de pierres et de mortier. La muraille
s’étendant ainsi de bloc en bloc, embrassait
près de trois flancs du rocher ; le quatrième
étant absolument inabordable.
Pallas parle des restes d’un antique bâtiment
construit en gros quartiers de roc, grossièrement
taillés et renfermant plusieurs compartiments;
il les a vus en dehors de la forteresse, sur
une espèce d’esplanade ; il cite aussi la superstition
des Tatares qui allaient près de là briser
les fragments d’une colonne en marbre,
épaisse d’un pied, pour s’en servir à des, usages
domestiques. Tout ceci indique un ensemble de
constructions grecques peut-être, avec un temple
: le bâtiment rappelle les fondations de grosses
tours que je décrirai plus tard dans la Cher-
(1) Voyez la pl. 2 du tome second ; dans l’Atlas du
Voyage de Pallas : ces rochers y sont parfaitement rendus.
sonèse héracléotique. Cependant les Tatares
prétendent que ces constructions sont génoises.
Sans mettre plus d’importance qu’il ne faut à
cette tradition, l’on se rappellera ce que Pallas
a dit de la singulière configuration des têtes des
habitants de Siméis, Limène et Kikinéis, configuration
qui lui a paru génoise (1).
Limène et Siméis avec leurs vieux oliviers,
leurs beaux figuiers et leurs jolies campagnes
parmi lesquelles je distinguerai celle de madame
Nathalie Féodorovna Narichekine, s’étendent en
partie sur ce chaos.
Une troisième forteresse est perchée sur les
dômes du porphyre, sur le chemin qui mène de
Kikinéis à la Yaïla par Eski-Bogaze.
Tel est l’ensemble de ce cratère, de la mer ;
prenez la carte géologique de la Crimée (2), et
vous verrez que ce qui s’est fait de ce côté de la
chaîne s'est répété sur le versant septentrional,
où un jet de porphyre a percé près de Kokkoz,
à travers les schistes. L’étage calcaire jurassique,,
redressé et renversé à l’égal de la muraille méridionale,
offre le même aspect, et la Yaïla, au
milieu, présente une surface renfoncée, nue, où
toute roche est brisée ou fragmentée. Çà et là
quantité de trous ou chaudières. La dépression.
(1) Pallas, Vôy. en Crimée, t. II, p. i 56.
(2) V esérief pl. 9.