du néocomien et de la formation jurassique.
A Sabli, cette couche indiquée comme n° n ,
na qu une quarantaine de pieds d’épaisseur , et
i essemble davantage a un schiste noir ou gris
foncé ; un grès très—tendre le sépare du néocomien
compris sous le n° 12. A mon avis, ce terrain
schisteux mort ou privé de fossiles, en amas
souvent considérables, ne peut être qu’une roche
remaniee, et deposee a la suite d’une époque
éruptive dans la chaîne taurique.
Tchorgouna, dont le nom rappelle celui de
Tchortchoun que les Tatares donnaient à Cher-
son, s elend dans une gorge jurassique formée
en majeure partie par des marbres et des poü-
dingues semblables à ceux de Balaklava. Le
Bïouk-Ouzène (Tchornaïa-Retchka et Kasikli-
Ouzène d’autres auteurs), venant de la vallée
de Baïdar, réunit ici ses deux bras principaux
qui se sont échappés de leurs écluses saùvages,
ouvertes dans les rochers jurassiques (1). Avant
de se presser entre les deux derniers rochers de
marbre qui puissent l’arrêter, prêt à atteindre
la vallée crétacée de Balakiava où on le saigne
pour remplir l’aquéduc des docks, il reçoit en-
(î) Koeppen, Sborntk,p. 244* donne le plan d’une fortification
antique, placée sur la xive gauche du Kasikli-
Ouzène, le bras oriental, un peu au-dessus du village
d'A ¿sou. 11 l’appelle Issartchik (petite forteresse).
core le ruisseau de Chouli qui a un cours tout
différent.
Tchorgouna, qui a appartenu à un membre de
la famille Krim-Ghérai, puis à M. Hablitz, le
premier qui ait écrit sur l’histoire naturelle de la
Crimée avant les Pallas, les Mars chai Biber-
stein, les Stéven, est visité par eux qui se plaisent
à contempler les lieux qui ont été habités
par de dignes citoyens. Dans son palais bizarre,
entouré de vignes et de hauts peupliers qu’un
pacha turc avait plantés , Hablitz reçut maintes
fois son ami Pallas, qui discuta et composa dans
ce séjour champêtre les plus beaux morceaux de
son ouvrage. Clarke et ses compagnons y reçurent
aussi la plus aimable hospitalité : dans ce
temps-là, Tchorgouna était un petit rendez-vous
scientifique (1). Aujourd’hui plus rien ne rappelle
le séjour des amis, que la tour dodécagone
si pittoresque qui touchait la maison (2). Pallas
(1) Hablitz a composé l’ouvrage sans nom d’auteur,
traduit du russe et intitulé : Description physique de la
contrée de la Tauride-, La Haye, 1788. Lisez sur M. Hablitz,
Pallas, II, p. 102 ; Clarke, II, p. 211, et le portrait
qu’en fait Murawiew-Apostol, Reise durch Taurien, 1820,
p. 144. Hablitz avait donné à son domaine le nom de
Ka rlot’ka.
(2) Pallas, dans son Atlas , t. II, pl. 8, ou pl. 33, a
donné une excellente vue de cette tour et du vallon de
Tchorgouna, prise du nord-ouest