
 
		J.-C.,  c’èst-à-dire  l’an  de  l’Hégire  841.  Pour  
 concilier  les  faits,  il  ne  se  trouve  qu’un  petit  
 anachronisme de 4o ans. 
 Une autre légende, que je ne  garantis  pas davantage  
 que  la première  ,  raconte  que la  fille de  
 Tokhtamiche s’amouracha d’un beau  gentilhomme  
 génois  ,  selon les  uns,  ou d’un mirza  tatarer  
 selon d’autres. Son père ne voulant pas consentir  
 a  son mariage,  elle prit la fuite  avec  son amant.  
 Le  couple  amoureux  se  réfugia  derrière  les  
 murailles  imprenables  de Kirkor.  Un  détachement  
 envoyé  à  sa poursuite,  ne put l’atteindre  :  
 une  trahison  fit  tomber  l’amant  quelque  temps  
 après  dans  un  piège  que  ceux  qui  le  poursuivaient  
 lui  avaient  dressé. Nénékedjan,  qui savait  
 le  sort  qui  attendait  celui  qu’elle  aimait,  ne  
 voulut  pas lui  survivre,  et  dans  son  déserpoir,  
 elle  se précipita du haut des murailles de  la  forteresse. 
   Le père,  affligé,  fit ensevelir le  corps de  
 sa  fille  bien-aimée à Kirkor,  et  lui  fit  élever  ce  
 tombeau.  Au  dedans  une  inscription  en  fait  
 connaître  la  destination,  au  dehors  il  est  orné  
 d’autres  inscriptions arabes tirées du Koran (1). 
 (1 ) Arclùv fur wissenschajthche Kunde vonRusslaud, par  
 A.Erman, 1  cah.  184i , p.  184-  Berlin, Reimer. Mémoires  
 d’archéoiogie d’Odessa.  Pallas,  Voyage,  etc.,  II,  p.  35  et  
 58i . La première fois que Tokhtamiche parut à la cour de  
 Tamerlan, c’était en  1376 : il avait au moins une vingtaine 
 Pallas  et Clarke  assurent que  Kîrkor,  ancien  
 nom  de  Tchoufout-Kalé,  était  en  la  possession  
 des Génois  lorsque  Nénékedjan  s’y   réfugia  (1).  
 Le  fait  n’est  pas  prouvé.  Le plus  ancien  auteur  
 qui  fasse mention de Kerkn (Kirkor)  est Aboul-  
 féda  ( i34i),  qui  l’a  dite habitée par  les  As.  En  
 •1396,  on  voit un khan  de Kirkel,  combattre sur  
 les  rives  du Don,  contre Vitovt,  grand-duc  de  
 Lithuanie.  Vers l’an  i 4oo, Kirkor était  la  capitale  
 des  khans  de  la Crimée ;  elle  devait  l’être  
 encore  quand  on  érigea  le  tombeau  de  Nénékedjan, 
   en  1437.  L’ambassadeur  de  la  république  
 de Venise,  Ambroise  Contarini,  envoyé  
 auprès  d’Oussoun - Khan,  roi  de  Perse,  nous  
 apprend  que  pendant  son  séjour  a  Kafa  ,  en  
 i4 74,  le  khan  de  Crimée  résidait  alors  dans  la  
 forteresse de Kerker.  Après  la  chute  et  la  ruine  
 des Génois, en  i 47Ô,  Mengli-Ghéreï-Khan  était  
 encore à Kirkor, et ce fut lui qui, a cette époque,  
 descendit  dans  la  vallée  de Baktchisaraï pour y   
 fonder  le  palais  des  khans  et  y   ordonner  la  
 construction de la porte de fer dont j ’ai rapporté  
 les  inscriptions.  On  ne  sait  quand  les  Génois  
 auraient  été maîtres  de Kirkor ;  car Une  fois  en  
 leur possession,  ils ne  l’auraient perdu  qu’après 
 d’années  alors, puisque  Tamerlan  le mit  a  la  tête  d’une  
 armée. En  i 438,  il n’avait pas moins de 82  ans !  ! 
 (1)  Pallas,  Voy.) II, p.  581.  Clarke,  V oy., II, p. 86.