d’nne plus petite proportion que les premières,
mais tirés de la même carrière : le style en est
ionique. C’est tout ce que l’antiquité payenne a
légué du souvenir de ses temples au milieu de
Cherson.
M. Kruse a déblayé les fondements d’une
troisième église qui dominait le grand port. Elle
ne différait en rien des petites églises grecques
que j ’ai signalées sur la côte de Crimée. Ici se
sont arrêtées les fouilles deM. Kruse. Sans doute
une ville comme Cherson avait un plus grand
nombre d’édifices religieux ; mais qui les devinera
au milieu des amas de pierres informes qui
jonchent le sol, laissées là par ceux qui ont
enlevé les meilleurs matériaux^ La pensée peut
aussi facilement reconstruire, avec ces restes
méprisés, un palais du riche qu’une maison du
pauvre, une boutique qu’une église des apôtres.
Les Chersonésiens employaient la chaux et le
mortier; ils en firent usage pour leur édifices
publics, pour leurs murailles, leurs tours, leurs
églises et pour quelques palais : mais il paraît
que pour les autres constructions communes,
l’on n’employa pas d’autre ciment que la terre
glaise, comme le font encore aujourd’hui les
Grecs et les Tatares de la Crimée. Cette manière
de bâtir n’a aucun inconvénient pouf un
climat sec comme celui de la Chersonèse.
L’on utilisait deux espèces de pierres à bâtir;
l’une, la plus recherchée et la plus durable ,
employée pour les principaux monuments, était
un grès chlorité jaunâtre, tiré des immenses
carrières d’Inkerman. L’autre, la plus commune,
était un calcaire jaune, tertiaire grossier,
qui venait des vastes carrières qui sont droit au
sud de la porte principale sur le chemin de Ba~
laklava. De nombreux tertres de déblais entourent
les carrières ouvertes, où les blocs à demi-
détachés par une fente profonde , attendent
encore le coin qui doit terminer l’ouvrage.
On n’exploitait qu’une couche d’une dizaine
de pieds d’épaisseur, d’un calcaire si tendre ,
qu’il paraît qu’on le travaillait à la scie, à la
hache, comme on le faisait encore à Kertche et
à Odessa.
Peu de terrain était resté vague; à l’exception
du grand port et des places, tout était occupé,
et formait, des deux côtés de la rue principale,
un amas confus de rues étroites qui se croisaient
dans tous les sens, et qui rappellent les quartiers,
populeux des villes asiatiques. Aussi, relativement
à l’étendue de Cherson , ce n’est pas trop
que de lui donner 5,000 maisons et environ
4o,ooo à 5o,ooo habitants, dans son plus beau
temps.
La haute falaise même était bordée de maisons,
d’où l’on pouvait descendre sur le rivage
par des escaliers taillés dans le roc : mais le roc