ceinte de chacune de ces ruines les colonnes,
chapiteaux et autres marbres qui furent le fruit
de ses recherches.
Malheureusement pour ces collections intéressantes
et précieuses , une espèce de peste se
déclara à Sévastopol : on se crut obligé d’établir
un cordon sanitaire autour de la ville ; un
détachement de soldats fut logé dans ces ruines,
et quand au bout de quelques mois, tout fut rentré
dans l’ordre, l’on ne retrouva plus rien de
ce que M. Kruse avait réuni, à l’exception des
plus grands morceaux, et même ce qu’on n’avait
pas pu emporter avait été mutilé.
Le cimetière de la Quarantaine, qu’on a établi
sur la place du Grand Port, et qui s’accroît journellement,
offrait l’occasion de faire de précieuses
trouvailles; elles ont été aussi dispersées.
Une jolie mosaïque qui venait de là, et que
M. le docteur Lan g avait acquise , a disparu de
chez lui, un jour d’émeute des matelots qui
voulaient se venger de la sévérité des médeeins
pendant la peste.
Que dire donc en général des monuments de
Cherson? Hélas, le voyageur est bien surpris de
ne plus rien retrouver sur place; à l’exception
de quelques débris de marbre employés à de
vils usages à Sévastopol, et d’un ou deux bas-
reliefs , tout a été dispersé ; une partie des inscriptions
a été heureusement transportée à Nikolaïef
: le reste disséminé dans la Crimée et
hors de la Crimee, est pour ainsi dire perdu.
Que n’a-t-on eu l’idée d’établir un musée public,
comme à Kertche !
Maison de Lamachus .
Un seul monument a osé braver la cupidité :
c’est celui qui devait signaler à la postérité remplacement
de la maison de Lamachus , tas d’immondices
et de déblais qui s’accumula sur cette
demeure profanée par la trahison des Bosporiens.
Qu’on en lise les détails si intéressants dans Constantin
Porphyrogénète, de yidministrando Im—
perio (1).
J’ai parlé de la rivalité qui exista de tout
temps entre les Bosporiens et les Chersonésiens.
J’ai dit même que , d’après les médailles de
Pairisades /er, je ne doutais pas que ce roi du
Bosphore n’eût régné sur Cherson pendant quelque
temps (2), opinion confirmée par les emblèmes
de son tombeau (3).
Cherson subit une seconde fois le sort de
Panticapée, lorsqu’accablée par les Taures-Scy-
thes et leur roi Skilouros, elle se vit forcée de
recourir à la protection du Grand Jbhthvidate*
( 1 ) Ed. L . Elzévir, i6 n ,p .2 0 2 .
(2) Sestini, Musée Chaudoir, t. I, fig. 5 et 6
(3) Mon Voyage* t. V , p. 2a5.