voit s’élever le pavillon de l’amirauté. Là demeure
le commandant de Sévastopol.
La rue qui longe de plus près la baie du Sud*
est la principale. Entre elle et la baie sont :
VEglise russe, l’Amirauté avec sa tour pour
porte d’entrée, 1'\Arsenal.
Un prolongement de cette rue qui arrive entre
les batteries et l’Amirauté au grand escalier,
qui sert d’embarcadère pour traverser la baie,
passe à côté d’une maison, bien modeste aujourd’hui
pour Sévastopol, et cependant on l’appelle
Dvoretz (le palais) ; en 1787, elle fut préparée
pour Catherine I I , qui y a logé pendant son séjour
dans la ville qu’elle venait de fonder.
L ’on voit dominer au haut de la ville l’église
grecque, dans le»mur de laquelle on a enchâssé
le relief de Théagènes dont j ’ai parlé.
Encore plus loin, à 240 pieds de hauteur absolue,
est le télégraphe qui domine naturellement
toute la ville : quatorze stations le font
communiquer en deux heures avec Nikolaïef,
le chef-lieu de la flotte de la Mer Noire.
Les vaisseaux marchands qui viennent pour
les approvisionnements de Sévastopol, entrent
tous dans la baie de VArtillerie, au fond de laquelle
sont rangées les principales boutiques de
la ville.
Les rochers qui bordent le flanc droit ou occidental
de cette baie, ont subi pendant mon
séjour une grande métamorphose : taillés et
minés, je les ai vu rouler dans les abîmes de la
mer, qui ont été comblés pour obtenir une
grande plate-forme sur laquelle les constructeurs
du génie, qui manquaient de place, ont
établi des constructions considérables.
Sur les flancs des mêmes rochers qui regardent
à la fois l’entrée de la Grande-Baie, et
celle de la baie de la Quarantaine, sont rangés
les uns au-dessus des autres les bastions formidables
du fort Alexandre, destinés à croiser
leurs feux avec ceux du fort Constantin qui est
Ÿis-à-vis, sur la côte du nord, pour couler à fond
tout vaisseau quelconque qui ferait mine de vouloir
entrer dans la baie. Ces deux forts seront
armés de 320 canons.
La passe ou l’entrée de la baie, rétrécie par
deux récifs, est indiquée de nuit aux vaisseaux
par deux phares à feux fixes, érigés sur deux
collines au fond de la baie, et qu’il faut avoir
constamment sur la même ligne, Fun au-dessus
de l’autre.
En arrière du fort Alexandre, sur le dos de la
colline, sont les Casernes des troupes de terre :
ce n’est pas par là que Sévastopol brille. On les
traverse pour se rendre à la Quarantaine qui
est à l’extrémité delà baie,et dont Cherson avait
fait son principal fort : les Tatares lui ont con^
servé le nom de Tchortchoun.