se contenta de fouetter rudement les enfants devant
l’image de Diane Orlhia j(i).
Mais il y a ici plus qu’un mythe. Que je dise
d’abord ce qu’était la nation taure. La chaîne
Taurique joua en petit le même rôle que la
chaîne du Caucase , c?est-à-dire qu’elle fut le
refuge des peuples d’affinité finnoise, lors des
invasions des races indo-germaniques au nord
du Caucase. La chaîne Taurique, sous le rapport
ethnographique, fut un petit îlot finnois,
bastionné par la nature contre les races Sanscrites
, dont la plus ancienne, celle qui joua le
premier rôle connu, fut celle des Kimmériens.
Ce fut avec raison qu’on appela ces assiégés,
Taures ou Montagnards (2).
Tout ce que nous savons des Taures, vient à
l’appui de la place que je leur ai assignée parmi
les races tehoudes ou finnoises. Par leurs moeurs,
ils sont frères des Tchétchenses et des Lesghes,
ces tribus farouches qui ne reconnaissent, point
d’étrangers au milieu d’elles. Ils ressemblent
aux anciens Tcherkesses qui avaient aussi; la
(1) Boeckh, Corp. Iriser., t. II, p. 89.
(2) Toïra, en assyrien, montagne, chaîne de montagnes;
tyrou, en chalde'en, touro en syrien. Dans la petite Asie
Taër, Alpes. Chez les races turques tau, montagne. Chez
les Celtes tor, tour, une tour, un bâtiment rond et élevé,
aussi un rempart : or, front, façade, devant. En grec opoç,
montagne.
coutume d’immoler tous les étrangers qui venaient
aborder chez eux (t). Leur divinité
vierge se confond avec 1 ''Jnahid ou Vénus
Lune des Arméniens , avec la Vénus nocturne,
la Vénus Uranie ; elle est la même que la Diana
Luci/era ou Toedifèra, qui porte la lumière ou
tient un flambeau (2); le culte qu’on lui.rendait
chez les Géorgiens et chez les Albaniens du Caucase
, était le même que celui qu’elle recevait en
Tauride.
« Les Albaniens, dit Strabon, adorent comme
divinité le Soleil, Jupiter et la Lune (Anahid),
celle-ci surtout dont le temple est sur les frontières
de l’Ibérie (Géorgie). Le prêtre qui le
dessert est le second en honneur après le roi.
Il préside aux fêtes sacrées et commande sur le
territoire sacré qui est grand et bien peuplé :
nombre des serviteurs religieux sont inspirés
par la divinité et prophétisent. Celui que l’esprit
de la divinité saisit le plus, s’en va errer
(1) Appien, p. 1066, lib. Mithrid. Voy. autour du Caucase,
t. I, p. 58.
(2) Ce titre de Vénus Lune et Porte-Flambeau pourrait
avoir quelque rapport avec le nom de la ville des Lampades
(fanaux ou flambeaux) : peut-être y célébrait-on une fête
avec des flambeaux en l’honneur de la divinité vierge ;
peut-être qu’un feu sacré lui était consacré comme les
anciens Lithuaniens et les Finnois le faisaient pour leurs
dieux Perkoun et Joumala.