de la Yaïla est sur la ligne de la vallée de Baï-
dar. Je cite ce fait géologique comme un exemple
d’un soulèvement avec éruption de roches
porphyriques, opéré sur les deux versants d’une
chaîne. De part et d’autres les assises présentent
leurs crêts à pic, en regard des jets, et leurs couches
s’enfonçant dans le sein de la chaîne.
Après cet intéressant ensemble de phénomènes
géologiques, où l’on peut dire que l’on surprend
la nature sur le fait de ses secrets de création ,
d’altération, de bouleversement, la côte de
Crimée jusqu’à Phoroze est passablement monotone,
à quelques exceptions près. Kikinéis
qui est à 7 verst de Siméis et à 12 verst d’Aloup-
ka, est encore sur les flancs du jet de porphyre
de Bïouk-Issar. Pour bien juger de celte partie
de la côte, l’on fera bien de suivre ma narration
sur le grand panorama que j ’en ai donné pl. 10,
Ve série. Je l’ai dessiné de la mer, lorsque nous
longions cette côte pour nous rendre à Ghélin-
djik. Je l’ai laissé tel que la perspective des objets
me permettait de les rendre, et, comme il se
trouve que nous étions le plus près de la côte, en
face du cap Aïa près de Laspi, et que nous nous
en sommes éloignés depuis insensiblement , la
partie de la côte qui s’élève derrière Yalta et
Oursouf paraît plus basse, quoiqu’elle soit en
effet beaucoup plus haute que l’autre. J’avertis
mes lecteurs pour qu’ils ne s’y trompent pas.
De Kikinéis à Phoroze, à 20 verst de distance,
le calcaire jurassique forme une vraie muraille à
pic, infranchissable.* Sa hauteur va de 5oo à 800
pieds. Toute la pente schisteuse, entaillée de ravins,
qui lui sert de base ou de soubassement,
est recouverte de débris accumulés pêle-mêle et
formant des digues, des moraines; tous ces fragments
ne proviennent point, comme les chaos de
Limène, d’Oursouf ou de Karabagh, des soulèvements
anciens : chaque année, au contraire,
l’on voit qu’un nouvel agent travaille encore sur
ces masses. La base de schiste n’est guère une
fondation solide pour une muraille pareille, sur-^
tout quand cette base est détrempée, entraînée
par des sources : la roche perdant son appui,
s’écroule et couvre de ses débris, gros comme
des maisons ou comme de petites jnonlages, les
pentes schisteuses, formant des éboulements et
des chaos récents qui enterrent les villages, et
vontmême former des écueils jusque dans la mer.
Koutchouk-Koij à 4 verst de Kikinéis, fut ainsi
enseveli par un éboulement produit par dès
causes pareilles, du 10 au 28 février 1786. Le
village à été reconstruit .sur ces, débris anciens
et modernes auxquels les Grecs ont donné le
nom de Alasma. (1).
Ceux qui veulent se rendre dans la vallée de
( l ) ^aAatrpa? destruction.