VERSANT SEPTENTRIONAL
DE
LA CHAINE TAÜRIQUE
DE LA CHERSQîOESE HÉR AÇLÉOTIQUE,
A SIMFÉROPOL.
Maintenant, il me reste encore à parcourir
une dernière portion de la Crimée, si bien circonscrite
par la nature, et que sa constitution et
ses formes géologiques marquaient d’un cachet
particulier qui devait influer considérablement
sur le caractère et sur les monuments de ses habitants.
Je l’ai désignée plus haut comme troisième
subdivision de la partie montagneuse (1).
D un cote la chaîne taunc^ue est une barrière
qui la sépare de la côte de Crimée, et de l’autre
les falaises crétacées et tertiaires qui longent le
pied de la chaîne sont les majestueux remparts
qui la défendent contre les abords de la steppe
taurique.
(1) T . V , p. 3o4.
Les Taures en ont été les premiers habitants :
on a vu plus haut à quelle famille je les rattache
(1). Ils étaient connus d’Homère sous le nom
de Lestrigons. C’est avec la plus grande probabilité
que j ’ai admis que Balaklava était leur port
principal, leur cachette, comme Strabon le dit
expressément. Les Taures par conséquent peuplaient
la vallée de Balaklava, et il fallait bien
que cela fût, sans quoi les colons d’Héraclée
n’auraient pas manqué de s’y établir de préfé-
férence : le sol de la vallée de Balaklava est bien
préférable pour la fertilité à celui de la Cherso-
nèse ; la position en est plus forte et le port ne
laisse rien à désirer.
Ce que j’ai dit de la barbarie, du culte, des
moeurs, de l’origine des Taures maritimes ,
s’applique naturellement à ceux-ci : un seul
trait les distingue essentiellement. Les Taures
maritimes, jouissant d’un meilleur climat, mettaient
moins de soin dans la construction de
leurs demeures : on a vu qu’ils les bâtissaient en
pierres sèches, en les creusant à moitié en terre,
dans un sol incliné : un toit plat en terre les
garantissait suffisamment contre les rigueurs de
l’hiver. D’autres fois, comme au pied du mont
( 1 ) Comparez avec Sies trzencewiez, Hist. delà Tauridcy
t. I , p . 33; — le comte J . P o to ck i, Voy. dans les steppes
d’Astrakhan et du Caucase, t. II, p. 192 et 242.