Kertche que j ’ai décrite. De grandes croix byzantines
décoraient les fûts des colonnes et des
chapiteaux imités de l’ordre corinthien (1) :
elles recouvraient de même les moulures et les
corniches comme dans les églises d’Abkhasie.
Il ne reste de cet édifice qu’un mur détruit
jusqu’à 3 ou 5 pieds au-dessus de terre, et exprimant
le plan complet du temple. On a déposé
dans cette enceinte sacrée les colonnes, les
chapiteaux et autres ornements que le déblaiement
fit découvrir : la plupart ont été tirés
d’une grande citerne (peut-être une église
crypte) dont l’ouverture répondait au centre
du dôme : elle en est encore remplie, et témoigne
de la main dévastatrice qui a pris la peine
de la combler de ces précieux débris.
La seconde église (2), plus grande et plus
vaste que celle de Notre-Dame , S’élevait à peu
près à mi-longueur de la rue principale, à droite
en venant de la Grande Porte. Elle était en
forme de croix, ayant par les transepts 53
pieds 4 pouces, et par l’abside, le dôme et la
nef 53 pieds 3 pouces , dont i 5 pieds pour
l ’abside seule qui renfermait derrière l’autel
les sièges semi-circulaires du clergé.
On y montait par quelques degrés en marbre,
(1 ) Atlas, III* série, pl. 20, fig. 5.
(2) Atlas, IIIe série, pl. 4> fig- *4-
et son parquet était orné d’une grossière mosaïque
en pierres de couleur. Une grande plaque
sculptée en marbre, qui formait, au fond du
choeur , le dossier du siège principal a été enlevée
sans qu’on ait su quel est celui qui a pu
commettre ce sacrilège.
Un dôme supporté par des colonnes semblables
à celles de Saint-Basile , éclairait le centre
de la croix. Le pavé de la nef était formé de
dalles de marbre, débris d’antiques monuments,
qui recouvraient un nombre considérable de
tombes ou sarcophages comblés d’ossements.
M. Kruse en les ouvrant ne trouva dans l’un
que des têtes entassées.
Mais Ce qui rend ce temple plus remarquable
encore que tout ce que je viens de dire, ce sont
les matériaux dont il fut construit. La main du
chrétien avait mutilé un beau temple gt'ec pour
le métamorphoser en église chrétienne, et des
tambours cannelés, des bases et des chapiteaux
ioniques entassés pêle-mêle, servaient pres-
qu’exclusivement à la confection de ses mu“
railles (1). On jugera par le dessin que j ’en ai
donné, de la beauté des proportions qui n’avaient
rien emprunté à l’éclat de la pierre, simple
craie chloritée d’Inkerman. Aussi quel contraste
de voir ces restes du beau siècle de la