cite la tradition qui l’attribue à un pacha turc
qui voulait préserver sa résidence des incursions
des villages d’alentours; mais il suppose, avec
plus de raison, que c’est un ouvrage des Grecs
modernes deCherson ou des Génois. Clarke remarque
que, quoique l’on ait placé de petits
canons sur sa plate-forme voûtée, le bâtiment
lui-même lui paraissait avoir été construit à une
époque antérieure à l’emploi de la poudre à canon.
M. de Koeppen n’en sait pas davantage que
ces deux voyageurs (1).
Le ruisseau de Chouli tire son nom d’un village
de même nom, qui n’a pas moins d’attraits
que Tchorgouna pour les amis des sciences.
Chouli ou Choulu était la campagne de Pallas ;
la maison dans laquelle il résidait est encore habitée
par le nouveau propriétaire, M. Martino.
En poursuivant ma route vers Mangoup, je remontai
le ruisseau qui coule entièrement de sa
source à son confluent avec le Bïouk-Ouzène,
entre les formations jurassiques et crétacées dont
son lit est la limite presque stricte. La vallée du
ruisseau d’abord large, se rétrécissant, ressemble
enfin à un étroit couloir ou défilé où les
deux formations en présence, se dessinent d’une
manière tranchée; car tandis que le jura présente
ses dos calcaires arrondis, boisés et cou-
(1) P. de Koeppen, Sbornik, p. 243.
pés de combes, la craie, à commencer par le
néocomien,lui oppose son crét et ses contreforts,
rudes, couverts d’une végétation pauvre et surmontés
de l’énorme muraille nue de grès vert,
qui se prolonge Sans interruption jusqu’à la
pointe d’Aïthodor, à laquelle il ne manque
qu’une mer pour être le plus pittoresque des
promontoires.
On donne différents noms à celte muraille :
ce sont successivement le Kokagatch (Maken-
zie), le Tchertelkaia, le Tchaplahhaïa, sous
lequel s’étend un groupe de cryptes taillées
comme celles d’Inkerman et appelées Karakoba
( grotte noire), le Souldanhaïa, en face du village
de Chouli, le promon toire qui domine Aï-
thodor s’appelle Elli-bouroun (le cap des lem-
_pêtes).
Ce haut rocher avancé, couronné de quelques
pins maritimes, est l’un des battants d’une des
grandes écluses qui se sont ouvertes dans la
formation crétacée, et l’on ne dira pas que c’est
l’eau uniquement ou une rivière qui se sont
ainsi créé un passage, en creusant un pareil défilé.
Car quoique l’écluse soit assez large, assez
profonde, aucun des grands ruisseaux de la
chaîne taurique n’a daigné en profiter et ne
passe par-là : elle n’est arrosée que par un filet
d’eau qui a ses sources dans l’écluse même et qui
se jette dans leBelbek.