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les hommes mettent à enter un culte sur un autre,
comniejel’ai dit maintes fois (1), je ne doute
pas que le temple de la divinité vierge des Taures
n’occupât la même place que le monastère, et
si l’on veut faire des fouilles intéressantes, il
faudra creuser sur cet emplacement dont l’histoire
touche aux confins de toute science archéologique.
Ici Iphigénie aurait exercé sa cruelle mission ;
ici lui sont apparus Oreste et Pyiade : ici l’on
précipitait le corps des victimes du haut des rochers
qui bordent la m er, et l’immense vue que
l’on a aujourd’hui, coup d’oeil qu’une âme reconnaissante
et confiante jette sur les oeuvres
magnifiques du Créateur, plus vaste encore
alors, parce que la cime était dépouillée d’arbres
, n’était qu’un tragique observatoire d’où la
prêtresse avide planait sur le vaste horizon des
mers et y cherchait sa victime (2).
Le sentier rapide qui mène du village au monastère
est semé de débris de briques et de vases
en terre cuite. L’extrémité du promontoire de
l’Aïoudagh est terminée par une petite construc-
(1) Voyez plus haut, t. I, p. i 33, t. III, p- i 46e t 36g.
(2) Du sommet de l’Aïoudagh, on voit le petit Kastèle,
l’Aï-Thodor près Bïouk-Lambat, ainsi que les châteaux-
forts de Kisillache, d’Oursouf et de Nikita. P . de Koeppen,
Krimskii-Sbornik-, p. 173.
lion, dont il n’est resté que les quatre murs , et
qui a une toise en carré.
La cime de l’Aïoudagh est complètement boisée
, tandis que ses flancs verdâtres ou noirâtres
sont nus. La hauteur de la montagne, calculée
par M. Chatillon, est de 1795 pieds de roi.
Il existe à peine un sentier possible pour descendre
de l’Aïoudagh vers Artèk et Oursouf, et
il faut redescendre au village de Parthénith,
pour pouvoir continuer sa route.
Artèk. Oursouf.
Au milieu des ombrages frais de Parthénith le
voyageur s’arrête de préférence sous l’un des
plus grands noyers de la Crimée ; cet arbre entouré
de bancs est historique, et l’on se rappelle
la lettre que le prince de Ligne écrivit à l’abri
de son feuillage, pour peindre à l’impératrice
Catherine II l’effet magique que produisait sur
son imagination un pays si nouveau pour lui.
La route ordinaire serpente au milieu des vergers
et s’élève bientôt au milieu des ruines de
roches noires et vertes de mélaphyre et d’ophi-
tone, sur le col qui joint le dôme isolé à la chaîne
taurique. Le vallon de Parthénith rempli de jets
de porphyre paraît un vrai cratère d’éruption
jusqu’à Dermenkoi, et les ruisseaux, avant d’atteindre
les vergers, se précipitent sur les por