ches imposantes que j ’ai si souvent décrites.
En continuant ma route, au lieu de suivre le
sentier ordinaire qui mène plus à droite par la
vallée de Josaphat et le monastère de l’Assomption,
jé descendis dans un ravin qui n’est pas
moins remarquable que tout ce que je viens de
décrire , en ce qu’il semble avoir été creusé par
les eaux dans le roc v if, quoiqu’il y ait à peine
un filet d’eau aujourd’hui. Nulle part je n’ai pu
trouver les traces de fentes : partout le lit est
solide et ne forme qu’une seule et même masse
a V e c les parois du ravin qui sont moutonnées ,
c ’est-à-dire que la surface en est par dos et par
bosses. Les couches ainsi rongées sont celles
du grès vert : l’on trouve ici de beaux fossiles.
Si telle est la route qu’un géologue peut suivre
, il est certain que chacun ne s’amusera pas
de roches dénudées, tristes et stériles. Alors on
suivra l’autre sentier , ou l’on continuera à longer
le pied couvert de broussailles de la muraille
de grès vert, jusqu’à l’entrée de la cluse
de Baktchisaraï. Mais cette entrée grandiose,
quoique sans rivière, n’est pas celle par où les
voyageurs arrivent communément.
Ils viennent directement de Simféropol, et
parcourant une route de 3G verst, ils ne voient,
à l ’excéption de la jolie vallée de l’Alma, longue
de¡2 verst, qu’une espèce de steppe sèche et sans
arbres, qui augmente l’attente de ce que l’on
Va voir. Mais on est déjà à la 3oc verst, qu’on
se demande encore où est ce fameux' Bakïchi-
sara'i. On n’aperçoit pas la fente profonde qui
entrebâille les formations crétacées , et ce n’est
que lorsqu’on est au bord du précipice que l’on
voit la ville à ses pieds, dans sa cluse, entre
deux parois de rochers, où l’on distingue une
longue bande de maisons bizarres, confusément
entassées les unes sur les autres, entre-mêlées
de frêles minarets et de hauts peupliers groupés
sans ordre et formant deux uniques rues irrégulières
, serrées le long d’un ruisseau fangeux,
le Djourouk-sou.
On y descend par un chemin escarpé, en saluant
en passant l’arc-de-triomphe modeste qu’on
avait érigé en l’honneur de l ’arrivée de l’impératrice.
Catherine i l , avec l’unique inscription :
1.7§7- .
Avant d’arriver au palais des khans, l’on traverse
presque la, ville entière en suivant la principale
rue qui a au moins une verst de long. Les
deux côtés, comme dans les villes de l’Orient,
sont bordés de boutiques , où tous les métiers
sont réunis par groupes. Quand on vient de
l’occident, l’on s’amuse à voir ces figures qui
nous paraissent grotesques, de tailleurs, de cordonniers,
de boulangers, de serruriers, de bonnetiers,
tous accroupis à la turque , et assidus
à leur métier. Les marchands vendent pour la