elle était le but de fréquents pèlerinages. L’isthme
servait de pont pour aborder le pied du
rocher ; de là on pouvait monter assez facilement
sur la sommité de la montagne, en suivant un
sentier qui serpente sur le gazon et sur la
mousse-, parmi les débris de rochers entre lesquels
gisent encore des ruines de maisons. La
chapelle Saint-Elie qui occupe le point le plus
élevé de la montagne, n’est plus qu’une ruine,
dont les ornements étaient en craie chloritée
d’Inkerman. L’église était voisine d’un antre
sacré, creusé dans le roc, et voûté en pierre
d’Inkerman. On y descend par un soupirail encombré,
taillé aussi dans le roc. La clef du
soupirail est marquée d’une croix; il s’échappe
de cette caverne un air chaud et humide, Cause
principale de la superstition de ceux qui venaient
implorer le saint pour recouvrer la santé. L ’on
frémit, placé à côté de ces saints lieux, de voir
s’ouvrir devant soi un précipice comme il y en
a peu en Crimée ; car le rocher est à pic, et son
pied est bordé d’éboulements formidables qui
ont tellement rétréci le faîte de la montagne ,
qu’au-delà de la caverne il n’y a plus p o s s i bilité
de se hasarder, tant le faîte est tranchant.
D’ailleurs, la vue est de toute magnificence,
comme cela doit etre d un point eleve aussi
isolé. Les marins donnent au mont Ilia ou Aï-
Ilia, le nom de cap Saritche.
De l’ancien Laspi je descendis, par une belle
vallée boisée, au nouveau Laspi, où demeure
M. Compère, ancien élève de l’école Polytechnique,
chargé par le général Potier de l’administration
de ce domaine, à mon avis l’un des
plus beaux de la côte , et des plus susceptibles
d’embellissements et de nouvelles exploitations.
M. le général Potier a eu Laspi de son beau-
père, M. Rouvier, qui avait fait ici ses essais de
culture de la vigne , dont il avait fait venir des
plants de Malaga. Là maison d’habitation est
placée au centre de l’amphithéâtre qui sépare le
mont Ilia du mônt Aïa, et, de toute part, la
vue est délicieuse; la mer s’avance entre les
deux montagnes et forme le port de Laspi ,
commode et sûr pour l’exploitation des forêts.
On jugera parfaitement des localités par le panorama,
Ve série, pl. 10. Pour en comprendre les
détails, on pourra jeter un coup d’oeil sur la
pl. 5y de la IIe série , où j ’ai cherché à rendre
l’ensemble de la partie haute de la vallée de
Laspi. Là prèmière montagne aux couches redressées,
verticales a gauche,» séparé Laspi du village
tatare de Kaïtou, dans la vallée de Baïdar;
la seconde est le mont Chabourla, avec les ruines
d’une; chapelle; la troisième e‘st le Rocher
aux deux Pointes, que l’on contourne par la
gauche pour aller à Foroze; ensuite viennent les
Aiguilles de Laspi, avec des ruines, et enfin,
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