car il n’est sur en aucune saison de l’année.
Des débris accumules couvrent à une profondeur
de plus de i 5 toises la pente escarpée jus—
qu a la mer. Je n’ai rien vu de plus triste que ce
chaos stérile de blocs jaunes, gris, rouges, entassés
les uns sur les autres, mêlés de petits fragments
angulaires. Un eboulement tout récent,
d’un tiers de verst' de large, se remarque à la
cassure fraîche des pierres, que nulle mousse n’a
encore parées. Le sommet du rocher qui a plusieurs
centaines de pieds perpendiculairement,
est hérissé de débris informes qui menacent ruine
à chaque instant. Nous traversâmes d’un air
craintif ce sol dangereux, ne nous arrêtant que
pour recueillir des fossiles; les polypiers, Litho-
dendron dichotomum et autres, Anthophyl-
lunri astroea, e tc ., y abondaient avec la Tere-
bratula lacunosa, l’Ammonites plicatilis, une
grande Dicerate, un Cirrhus, un Peigne, une
Lima, un Trochus voisin du Jurensisimilis Roe-
mer, etc. Je tenais à arriver jusqu’à une seconde
source qui jaillit, à l’est, au pied du mont Ilia,
d’une paroi à pic à 2 pieds au-dessus de terre :
la température en ét^it de 8°, quoique la pente
septentrionale de la montagne fût encore couverte
de neige. Autour de la source croissent le
prunier mahaleb ( Nemorosus}, le micocoulier
( Celtis orientalis) , le fusain à larges feuilles
( Evonymus latifolius) ,*le térébinthe.
Nous revînmes sur nos pas pour gravir le
massif détaché qui forme le rocher des Kapkans;
M. Compère voulait me faire voir des grottes
naturelles qui tapissent le rocher de l’ilia et qui
s’étagent sur le dos du rocher inférieur. Plusieurs
ont des soupiraux qui communiquent
avec l’intérieur du rocher disloqué. L à , les
bergers tatares cherchent des retraites pour
leurs brebis, et il y a toute apparence qu’elles
ont servi à des populations plus anciennes. Sur
les parois de rocher croissaientYArabis aïbida,
Y Alyssum montanum en fleurs, et YEuphorbia
rigida.
Pour rentrer dans la vallée de Laspi, nous
n’avions pour passage qu’une corniche étroite
du rocher qui surplombe un précipice des plus
dangereux : l’ayant franchi, nous nous trouvâmes
sur le versant septentrional de l’ilia.
Le pourtour des rochers de l’ilia est remarquable
par la chasse des outardes et des cailles,
qu’on y fait. Celle des outardes ( OUstarda) se
fait pendant la nuit, à l’époque où, se sauvant des
steppes couvertes de neige, elles se réfugient à
l’abri des rochers de la côte , passant par les cols
les plus bas. Les Tatares les éblouissent avec des
flambeaux et les tuent à coups de bâton. Un
chasseur peut ainsi s’en procurer une dizaine
dans une nuit. M. Compère en faisait une provision
d’environ 200 qu’il salait pour l’hiver, et