voit dans cette large faille une marre d’eau, et,
dans le voisinage, un rocher avec une grotte
curieuse.
Ce promontoire calcaire sépare Nikita de Ma-
garatche. A 4 verst du premier village, j ’arrivai
à l’église de Marsanda, que le comte Voront-
sof a fait reconstruire en style dorique sur les
ruines d’une ancienne chapelle célèbre par sa
belle source d’eau vive appelée Aïan (1), qui jaillissait
sous l’autel ; on n’a rien changé à cette primitive
disposition , et l’eau s’échappe des parois
du temple par une voûte où tout voyageur va
se rafraîchir , en se reposant à l’ombre des
noyers qui entourent l’église | le chêne qui mêle
son feuillage au leur, passe pour être l’un des
plus grands de la côte. Les rochers qui surplombent
la route, présentent les formes les plus
bizarres; ils forment des saillies couronnées de
pins tauriques : l’un d’entre eux, le plus rapproche
de l’église g fait une avance comme une
plate-forme isolée ; c’est là que l’on peut visiter
les restes du château de Palikaslre (2) bâti sur
(1) 20 août i 832, à midi, 8°,5 de R. i 5 septembre
1832, aussi à midi, après 15 jours de p luie, même température.
Toutes les observations de M. deKoeppen donnent.
8° de R. Ueber i 3o Quellen Tauriens, p. 3 i .
(2) P. de Koeppen, Krimskii-Sbornik, p. 179, où il
donne un plan du château, nx'ka.ioç , ancien , vieux ,
xdvTpav, château.
un plan rhomboïdal au milieu des ruines calcaires
: ses murs en majeure partie sont construits
avec du mdrtier. La vue commande principalement
la vallée de Yalta.
L'on appelle la source et l’église du nom de
Marsanda; mais la tradition et le témoignage
des Tatares sont là pour prouver qu’elles appartiennent
encore toutes deux au village grec de
Magaratche, longtemps abandonné. Les nouveaux
colons ont réclamé une part à l ’eau qui
leur appartenait de droit : le comte Vorontsof
croyait avoir droit à la garder toute pour lui
et à la faire passer en entier sur son domaine
de Marsanda (1) ; cependant j ’espère qu’il
aura eu égard aux réclamations unanimes des
colons, et qu’il aura fait un généreux partage.
De l’église, la route va en descendant jusqu’à
Yalta, et je puis dire qu’il n’y a rien en Crimée
qui approche de l’effet majestueux que produit
la double vallée qui s’ouvre dans les flancs de la
muraille taurique. Huit fois je suis venu visiter
ce superbe amphithéâtre, et la huitième fois
m’étonne encore plus que la première. J’ai observé
la vallée de Yalta de toutes les positions,
et de partout, elle est belle et grandiose.
En descendant de l’église de Yalta, je vis des
(1) Marsanda a un vignoble de 5o mille ceps.,