charmes et de hêtres, qu’animaient une foule de
grives et de geais, qui, à la fin de janvier, avaient
deja commence leurs chants. M. Compère estimait
la hauteur de la montagne à i,5oo pieds.
La pente est des plus rapides ; le dos de l’Aïa est
composé de couches de calcaire, dont la tête
î essort sur le sommet, comme des degrés ou des
marches : elles se recourbent et prennent la
forme du dos de la montagne, se redressant de
plus en plus en se rapprochant de la paroi verticale
qui termine l’Aïa en face de la mer. Le
sommet nu de l’Aïa ressemble , au haut du
précipice, a un immense balcon, d’où la vue
qui plonge sur la côte, est d’un effet saisissant,
Au-dela du dos de l’Aïa s’ouvre une vallée
profonde en entonnoir, dont le sol est de schiste
recouvert de gres, tandis que l’encaissement est
formé par une série de hauts rochers calcaires
qui forment d’un côté les deux côtés du cap
Aïa, et de 1 autre séparent le vallon de l’intérieur
de la vallée de Baïdar. Ce vallon si isolé n’offre
pas un seul habitant, pas une maison, et cependant
les traces de la main de l’homme sont empreintes
partout. Les ruines d’un village entier
sont semées dans une forêt d’arbres fruitiers, au
pied du rocher qui est à l’ouest. Une faille profonde,
large de quelques pieds, sépare ce rocher
d’un autre massif qui forme précisément l’angle
du cap Aïa (1). A cette limite, la côte de Crimée
qui a couru de l’est à l’ouest^ se dirige du sud
a u nord vers la baie de Balaklava. Une pareille
position, aussi élevée que le mont Aïa, et qui
partage avec lui l’épithète de Sacré (J ia ), a dû
être de tout temps un lieu important. En grimpant
sur le sommet, j ’arrivai à une forteresse
fermée par un mur de calcaire-marbre et de
grès liés par de la chaux, haut d’environ deux
toises. Je fus obligé, pour entrer, d’en longer le
pourtour, me dirigeant vers l’est où je trouvai
l’entrée,, de 8 pieds de large, placée entre le
bord du rocher à pic et une tour carrée, longue
de 9 pas, large de 6. La muraille, au milieu de
sa longueur, était appuyée par une construction
extérieure demi-circulaire. La longueur entière
du mur qui s’étend d’un précipice à l’autre,
était de 47° pas environ. Je trouvai dans ce
mur des restes encore existants de poutres, ce
qui prouve que cette forteresse, appelée par les
Tatares Kokia-Issar, n’est pas abandonnée depuis
longtemps. L ’intérieur de la forteresse
forme un triangle irrégulier dont la muraille est
la base : je visitai, sur la pointe la plus avancée
et la plus isolée, les fondements d’une chapelle
(1) Voyez dans le dessin de la IIe série, planche 56 , le
Kokia-Issar terminer la paroi de rocher après lé Mont
Aïa.