A qui attribuer cette ruine si oubliée que
M. de Koeppen n’en a pas même fait mention
dans son K nmz/aï-Sbomil;, lui qui n’a rien oublié!
Elle prouve seulement que Mangouche a
été de tout temps un endroit important. Sa dernière
belle époque date de l’an 1778, où, lors de
la guerre des Russes contre la Turquie, Mangouche,
principalement habité par des Grecs,
fut destiné à être colonisé sur les rives de la Mer
d’Azof, dans le district de Marioupol, où un
nouveau Mangouche rappelle celui de Crimée.
Il reste dans l’ancien Mangouche de nombreux
souvenirs de cette migration; des maisons, une
église et des tombeaux.
Les maisons en pierre de taille ont été bâties
sur le même plan ; elles avaient des cheminées en
pierre, et une espèce de solidité qui contraste
avec la fragilité des maisons tatares (1).
La chapelle grecque ruinée olfre encore quelques
traces de peintures : j ’ai copié sur l’angle
de l’église une inscription grecque en haut, et
arménienne en bas. La première m’aurait paru
incompréhensible, tant les lettres sont mal fai-
(i) La population qui a succédé aux Grecs consiste en
70 familles russes colonisées du temps du prince Potem-
kine, et en 3o à 4° familles tatares, comptant en 1837, les
premiers 293 âmes mâles, les derniers 89, en tout 38o habitants
mâles.
tes, si je n’avais vu en la comparant à la seconde,
qui a été interprétée par les soins de M. Chopin,
qu’elle n’est qu’une répétition de celle-ci en lettres
grecques.
Dans l’inscription arménienne on lit :
« A Gulé-Ogli, Lousse Egbor. *>
En Grec, on lit :
f
youXcoyXov
firip......
Viennent ensuite trois hiéroglyphes qui peuvent
exprimer la date (1):
Lousse Egbor signifie saiitt Jrére en arménien.
Les Arméniens de Turquie se donnent réciproquement
ce nom lorsqu’ils ont fait ensemble
le pèlerinage de Jérusalem, et vu en même
temps l’espèce de météore enflammé qui s’élève
de dessous le tombeau du Christ.
Leur cimetiere abandonne est des plus riches
en tombes grecques modernes, du genre de
celles que j ai décrites a Laspi et dans d’autres
localités, c’est-à-dire formées d’un sarcophage
posé sur plusieurs degrés, représentant une petite
église placée sur son soubassement et dominé
par une tour érigée à la tête du monu-
(>) Atlas, IVe série, archéol., pl. 26 b.