steppe de la Chersonèse, qui ne possédait que
deux seules sources un peu abondantes sur
100 verst carrées de surface.
A chaque pas le roc se montre à travers un sol
maigre, et cependant les Chersonésiens en firent
un jardin; car pendant des siècles ils furent
forcés de se restreindre sur ce petit espace,
bien loin de dominer sur les belles vallées de la
Katche et du Belbefc qu’ils ont possédées dans le
temps de leur puissance.
Resserrés, dans l’origine de leur colonisation,
sur leur presqu’île, la nécessité les força à une
culture industrieuse, et celui qui voit la Chersonèse
actuellement si riche et si déserte, ne peut
croire que plus de douze hameaux ou villages
et 2 à 3oo maisons de campagne et de plaisance,
grandes et petites, aient pu y trouver place , et
qu’il restât encore assez de terre cultivable pour
les besoins des habitants.
Il paraît que cette pénurie du sol engagea
précisément les habitants de Cherson à adopter
un système de partage et d’administration
qui offrît les plus grands avantages possibles en
évitant toute perte de terrain. La surface de
la Chersonèse fut coupée par des lignes parallèles
qui la traversaient dans toute sa longueur
et dans sa largeur, en se croisant à
angles droits. Ravin, fossé, rocher, rien n’en
changea la direction et l’allure. Ces lignes ,
distantes de j verst et de 1 verst, furent destinées
à être grands chemins ou sorties vicinales.
On leur donna à toutes,i5 pieds de large, on
éleva, de chaque côté, des murailles qui fermaient
les carrés réguliers. Ces carrés , plus ou moins
grands, suivant que les lignes étaient plus ou
moins rapprochées, se trouvèrent circonscrits
de quatre chemins et abordables de toutes
parts.
Chaque carré, dans l’origine, était peut-
être la propriété d’une famille; mais bientôt
la plupart se trouvèrent partagés entre plusieurs
propriétaires et réparés par des murs.
On construisit les habitations ou les maisons
sur le bord des chemins qui devinrent, pour
ainsi dire, les rues d’une immense ville.
Quand eut lieu ce partage? Est-il dû aux
premiers colons , ou fut-il le résultat d’une
mesure législative qui prétendit obvier à des
séries de procès et de disputes qu’occasionnaient
l’incertitude des frontières et des passages
francs? Je crois qu’il n’y a pas ¿balancer, et qu’il
date de l’origine de la colonie. Car s’il en eût été
autrement, et si cette mesure eût été postérieure
de quelques siècles à l’établissement des colons,
l’on observerait quelqu’irrégularité dans l’alignement
et dans la position des maisons de
campagne et des murailles d’enclos. Au contraire,
toutes se conforment à cette première