se nivelait bientôt et présentait, à moitié distance
entre les deux baies, une place unie de
débarquement et de marché, où j’ai trouvé un
puits très - bien conservé et les traces d’un
aquéduc.
La Chersonèse héracléotique n’avait que deux
sources d'eau vive, jaillissant sur la lisière de la
presqu’île, vers Balaklava. L’une, marquée auprès
du k bouter (métairie) Ouchakof avait été conduite
à Cherson par des files de tuyaux adroitement
nivelés : leurs lignes suivaient d’abord le
grand ravin, puis passaient par un col bas, d’où
la conduite de l’eau n’offrait plus d’obstacle :
l’on a retrouvé dernièrement quelques-unes de
ces files de tuyaux que Wladimir fit briser pour
couper l’eau au Chersonésiens et les forcer à se
rendre (1).
Il paraît que, par ce conduit naturel, l’eau pénétrait
à travers la presqu'île jusqu’à l’extrémité
de la baie des Tirailleurs, où elle recommence à
jaillir ; les poissons aiment à venir se rafraîchir
dans cette eau vive et limpide : on peut même
(1) M Bronoyii, Tartarioe descriptio, p. 6. Aquarum
ductus, qui milliaribus quatuor cuniculis ex pétris excisis
in urbe dueebantur, in quibus nunc etiam aqua purissima
est, ad urbis ipsius mænia conspiciuntur. Est in eo loco,
unde rivulus ille delabitur, pagus quidam non ignobilis,
et non procul in ripa maris, in monte saxoso, græcum
monasterium S. Georgii.
y distinguer des traces des réservoirs des anciens
habitants. Les seuls bons puits de la Chersonèse
sont sur cette ligne.
L ’autre source est celle qu’on a conduite
jusqu’à Sévastopol, qui pendant longtemps s’est
contenté de quelques puits et de quelques
filets d’eau qui sont au fond de la baie du sud.
Cette source était une possession privée, que le
bien public a enlevée à son propriétaire. On
avait calculé qu’elle donnerait 8 à 9 védros ( 96
à 108 pintes ) par minute. Mais le manque
d’expérience fut cause qu’on n’obtint d’abord
que 3 védros (36 pintes) par minute.
Telle était la richesse de la Chei’sonèse. Pour
y suppléer, les habitants de Cherson avaient
creusé dans le roc vif, au fond du ravin qui débouche
près de leurs murailles, dans la baie de
la Quarantaine , d’immenses réservoirs pour
y recevoir sans doute les eaux de pluie et de
neige ; aujourd’hui ils sont presque comblés
par la terre et les pierres qui y ont été entraînées.
Trois puits modernes qu’on a creusés dans
ces déblais, donnent à la Quarantaine une eau
potable.
En parcourant un jour avec M. le baron de
Berckheim la rue principale de Cherson, si
morte et si ravagée, je lui disais, dans la tristesse
dont nous étions saisis : Si T jr est devenue un
rQC pelé sur lequel des pêcheurs étendent leurs