Vendémiaire
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’ faisans, la morsure des vipères et des animaux
.enragés, etc.
Le catarreux vantait Yayapana comme souverain
pour guérir les rhumes et les fluxions ;
le glouton, , comme le remède de toutes les.
indigestions ; le libertin, comme le meilleur
des aphrodisiaques. J ’ai lu cinquante notes
dans les journaux , où l’on assurait avoir arrêté
des hémorragies par son odeur , suspendu
les progrès de la gangrène par son application
, rétabli des pulmoniques désespérés
par son usage, et , qui plus est, guéri le tétanos.
On va trouver peut-être que je m’étends
trop sur une véritable sottise ; mais il me paraît
si plaisant que des hommes sensés et
instruits de cette capitale aient cru aux propriétés
de Y ayapana , et discuté à son sujet,
que je cite ceci pour prouver que le mérite et
l’ignorance , qui sont les deux extrêmes, ont
des points de contact, parce que les extrêmes
se touchent.
Peu s’en fallut que le plant à’ayapana que
l’on porta au jardin de l’Etat, ne fût victime
de sa bonne réputation : l’un en voulait une
feuille, l’autre une branche; et les premières
marcotes qu’on en obtint furent dérobées
malgré toute la surveillance du directeur. Les
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pieds que M. Hubert reçut à Mascareigne ) An X.
eurent presque le même sort ; mais la plante, Vendé^
robuste et peu délicate, s’acclimata en peu
de tems, et devint une mauvaise herbe ; tout
le monde en avait chez so i, quand je partis ,
et la réputation de Y ayapana commençait à
décheoir.
Nous prîmes donc de Y a y a p a n a , d’abord,
selon l’ordonnance, une feuille infusée dans
une tasse d’eau chaude. Voyant que cela ne
produisait rien , je doublai la dose ; quadru-
p lé e , elle ne nous soulagea pas davantage.
Depuis, Deslisses et moi avons pris des infusions
de plus de trente feuilles. Cet habile
chimiste et Du Petit-Thouars en ont mangé
des salades, et aucun de nous n’en a senti le
moindre effet, soit en bien, soit en mal.
Comme les erreurs n’ont qu’un tems, dans
le moment où ceci s’imprime, on ne se souvient
plus de Yayapana dans nos colonies
orientales , que pour en rire , et l’on a oublié
le charlatan qui l’introduisit ; mais plusieurs
personnes se souviennent qu’ici on a
vanté Y ayapana comme un remède spécifique
contre les morsures des serpens de l’Ile-
de-France , où il n’y en a jamais eu d’aucune
espèce, et contre la piqûre du scorpion qui,