• A s X.
Brumaire.
Comtnersôn, visitant autrefois les mêmes
lieu x , admira la vicissitude des choses et le
pouvoir des tems qui a métamorphosé en un
réservoir d’eau un soupirail de flamme. Il se
baigna dans le cratère, et il se plaisait, depuis,
à répéter qu’il avait nagé dans un volcan.
J ’eusse donné le nom de ce naturaliste infatigable
à la montagne dont il est question; mais
elle était déjà appelée morne des fe u x à M au -
z a c , ce qui vient de ce qu’un chef de marrons,
nommé M a u z a c , habitait autrefois dans le
cratère , et tenait sur le point le plus élevé du
piton, une sentinelle qui allumait des bruyères
pour y rallier ses camarades.
Les bords de la chaudière sont fracassés et
composés de couches de scorie très-larges et
de lits compactes alternatifs, plus minces : ces
derniers sont du plus beau blanc. Ce qui a fait
nommer ce lieu le T ro u -B lan c , c’est un lichen
crustacé (ï) qui colore ainsi les rochers. Des
bords du Trou-Blanc nous distinguâmes que
le piton que nous avions laissé "sur la gauche
et qui d’en- bas paraissait double, ne paraissait
ainsi divisé que parce qu’une partie de la
(1) Lichen (lacteus ) leprosus albus tuberculis con-
toloribus hemisphcericis, Mant. 13a,
cheminée de son sommet avait été détruite p1 ar A, n X_*
Je tems. Nous nommâmes cette autre mon- Bru-
tagne piton de L i l e t , de M. L ile t, officier de mairs-
génie, qui visita ces lieux avec Commerson.
Un sentier assez bien tracé nous ramena
dans le lit du bras de Ponteau , devenu un
peu plus creux. Nous nous arrêtâmes dans
l ’endroit où il se forme de plusieurs bras ;
qui descendent de la plaine de Cilaos où
nous allions arriver ; il était dix heures ,
et le tems était superbe. Il n’y avait plus de
grands arbres ; mais des ambavilles serrées
composaient la verdure de ces lieux ; je reconnus
parmi elles un beau sophora ( t) , dont
(1) Sophora ( denudata ) fo liià pinnatis , fo lio lis
numerosis, subtus sérieeis, ramis , pedunçulis, petiolis
c'alicibusque lanuginoso-ferrugineis. ISf.
Le tronc et les gros rameaux de cet arbuste sont
couverts d’une écorce grisâtre, noueux, contournés
et nus. Ce sont de petites branches çà et là qui portent
des bouquets de feuilles et de fleurs : tout ce bouquet
est soyeux et d’un aspect argenté. . û
Les folioles sont souvent un peu éebancrées à leur
extrémité, longues de trois à six lignes, larges d’une}
un peu velues en dessus, mais très-soyeuses en,des-t
sous ; elles sont souvent un peu relevées.
Les fleurs sont grandes, du plus beau jaune ; leur
calice est d’une couleur ferrugineuse, brillante. lUeur,