nent un reçu qu’on nomme bon de dépôt'; oïl
trafique de ces bons , et l’on paie avec eux
comme avec du numéraire ; aussi à Bourbon
conclut-on tous les marchés par bons et par
balles. Certains propriétaires très-riches n’ont
pas souvent une piastre sous la main , et offrent
du café pour tout ce qu’ils achètent.
L e café de Bourbon, qui autrefois, avec celui
A n X .
Yendé-
nniairc.
de Cayenne , était dé la première qualité
après le moka, est aujourd’hui bien inférieur
à celui des Antilles, même a celui de Saint-
Domingue, qui est généralement peu estimé.
Selon M. Hubert, habile agriculteur, qui m’a
donné tant de renseignemens importans sur
l ’île de la Réunion où il habite, pendant la dernière
guerre , là préparation du café et son
commerce se sont faits révolutionnairemenf ( si
l ’on peut s’exprimer ainsi ). On portait à Bourbon
, par la voie des neutres, d’assez mauvaises
marchandises que l’on ne livrait qu à des
prix fous; de sorte que les balles de café no représentant
guères aux colons que trois ou quatre
piastres, ces derniers ne se donnaient pas beaucoup
de peine pour bien préparer une denrée
qu’ils vendaient à si vil prix , et que l’on rece.
vait sans choix. D ’ailleurs , toujours dans des
inquiétudes funestes sur le sort de leurs pro—
( 2 1 ) _
priétés, les agriculteurs négligeaient tout; ils "¿7 x7
croyaient leur ruine prochaine. Venàé-
Ce qui a le plus contribué à la perte de la
réputation des cafés de Bourbon, c’est que les
commerçans les recevaient sans aucune distinction
de prix , sur-tout lorsque calculant mieux
que l’habitant, ils les payaient en papier qui perdait.
tous les jours ; on ne voulait que des balles ,
et les neutres les prenaient sans plus de façon,
parce qu’ils gagnaient assez. Il en est résulté que
le planteur, qui employait beaucoup de tems ,
de soins infinis , et de grands séchoirs ou terrasses.
pour mieux préparer son cafe, sans le
mieux vendre que son voisin qui en fournissait
de détestable, ni sec, ni tr ié , s’est dégoûté
et a fait comme les autres ; si par hasard des
cafés supérieurs étaient déposés dans les magasins
publics, ils étaient confondus avec les mauvais,
et on ne trafiquait que des bons de dépôt,
sans avoir égard aux denrées déposées.
F,n fin quelques négocians ayant fait des
avances à des planteurs, en exigeaient des
obligations payables en café au mois de ju in ,
tems où l’on récolte encore, lorsque de tout
tems ce genre de fournitures se faisait au plutôt
en octobre. Dans ce cas on a fourni des?
cafés verts, dont la coque seule était sèche,,et