i’étais tout au plus à trois cents toises d’élé-
An x.
ration au-dessus de l ’Océan. Des remparts
miaire. très-droits, couverts de verdure , forment tout
autour de nous un véritable cirque fort étendu,
au fond duquel est un étang tranquille et découvert.
Ce beau point de vue est plein d’intérêt
; comme il nous frappa subitement, nous
l’en admirâmes davantage.
L ’eau de l’étang n’est pas aussi pure que
celle des petits bassins bleus que forment les
rivières de Bourbon ; elle ressemble assez à
celle des flasques d’eau qu’on rencontre dans
nos landes de l’Aquitaine. Il parait que les
p lu ie s l’alimentent seules, sans le secours d’aucune
source ; et l’évaporation suffit, quand il
ne pleut pas de tout un ete, pour assécher
l ’étang, sans qu’il décharge ses eaux par aucun
ruisseau -, ses environs sont tous plus
élevés que ses bords.
M. Hubert me raconta qu’une année où il
n’y avait pas une goutte d’eau, il vint promener
au Grand Etang, et qu’en y entrant, il
aperçut au fond quelque chose d’un assez beau
blanc, qui ressemblait à un troupeau de moucum
penticosia de Commerson, sous le nom de bois
de Jieurs jaunes.
( 99 )
tons fuyant devant lui. Quand il en fut près, il f
reconnut que c’étaient des amas d’une mousse y enaé~
(sans doute quelque confe rve) qui croît au miaire*!
fond du lac quand il est plein. L e soleil avait
desséché cette mousse, que le vent chassait
devant lui, après l’avoir pelotonnée en flocons.
Lorsque l’étang est: entièrement plein, il
remplit presque tout le fond du cirque \ et deux
ou trois buttes couvertes de gazons, qui sont à
l’entrée , forment alors des îlets, ce qui est
du plus joli effet. Il n’y avait qü’un monticule
couvert d’arbustes, qui fut environné d’eau,
quand nous visitâmes ces lieux. L a lagune
pouvait avoir trente à quarante pieds dans l’endroit
le plus profond, et sur la droite ; elle
était à-peu-près ronde 5 son diamètre avait
un demi-quart de lieue.
Je fus surpris, en faisant le tour de l’étang,
de ne pas trouver une seule plante aquatique,
ou des marécages | comme j ’y comptais. L a
disposition des rives en pente douce rendait
la chose encore plus étonnante. C’étaient la co-
nysoïde ( 1 ) , la morelle noire (2), un p o ly -
jpode très-commun dans les chemins à l’Ile—
(1) Agératum conyzoïdes. L,
(2) Solanum nigrum, L,