As X.
Vendémiaire.
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la mer; on n’en voit guère donner de grands -
revenus au-dessus de cent toises de hauteur.
J ’en ai visité une au piton Rouge qui pouvait
être à cent quarante ou cent cinquante toises ;
elle n’avait pas un clou, tandis que celles qui
étaient plus basses en étaient chargées.
L e bois du g iro flier est très - fragile ; un
coup de vent peut casser tous les arbres d’une
giroflerie ; mais il est facile de les remplacer.
Les baies, provenues des clous oubliés dans les
cueillettes, tombent à terre, et y repoussent;
de sorte qu’on ne manque jamais de plants : il
faut sarcler le sol deux ou trois fois l’an, quand
la plantation est faite.
On voit, dans des habitations, des g iro fliers
de rapport, plantés en bordure, en allées, etc. ;
mais dans les véritables girofleries, ils sont disposés
en quinconce : leur forme est on ne peut
plus élégante ;ils ressemblent à des arbres taillés
à-peu-près en cône alongé.
Des girofleries qui n’ont pas été sarclées depuis
un an, paraissent n’en pas souffrir, tant
le climat convient au giroflier. Cependant, cet
arbre paraît incommodé par un hyssus qui infecte
aussi les feuilles du manguier. Ce byssus
croît encore sur les muscadiers , les ja c s > et
autres arbres à feuilles fermes et polies*
Les clous se formaient quand nous étions au All ^
bras Mussard. On les récolte avant que la fle u r Venà^
n e p è t e , c’est-à-dire, lorsque la corolle n’est miake,
pas encore ouverte. On les fait tout bonnement
sécher au soleil. Il paraît qu’avant cette dessm-
cation, les Hollandais les passent à la fumée ;
ce qui, peut-être, contribue à donner au g irofle
des Moluques, cette couleur extérieure
d’un noir huileux, que n’a pas celui de Masca-
reigne, d’ailleurs un peu sec.
Au reste, les clous d’Amboine sont bien supérieurs
pour le volume, la qualité, 1 odeur et
le goût., à ceux qu’on récolte déjà à Maurice,
et qui sont encore meilleurs que ceux de la
Réunion (i). Ceux-ci sont un peu maigres, et
contiennent moins de principes essentiels ; cependant,
le girofle n’en est pas moins précieux
pour nos colonies, à l’est du cap de Bonne-
Espéranee ; elles en seront quittes pour le
vendre moins cher à l’Inde, qui peut consommer
beaucoup plus d epicenes que 1 on ne lui
(i) Selon M. Céré , il faut cinq mille clous pour
former une livre cle girofle. Le giroflier-poivre a donc
donné jusqu’à sept cent vingt mille clous, sans compter
les fleurs qui n’ont pas été cueillies, ce qui est
prodigieux.