Les grato'ns que nous avions traversés avant
d’arriver au Piton-Faujas,'appartenaient à un
courant dont l’aspect affreux nous avait frappés
depuis le bord de la mer. Ce courant est
tombé en cascade à la partie méridionale du
Piton de Crac. L a verdure sombre de cette
montagne prend un air gracieux et riant y par
l’opposition de la teinte funèbre des scories
d’entre lesquelles elle semble s’échapper. Nous
laissâmes à gauche la source: de ce courant’:
des plaques énormes , confusément amoncelées,
dont plusieurs sont situées verticalement,
la font distinguer d’assez loin. Il fallait que
les laves produites dans cette éruption, fussent
prodigieusement chauffées et fluides, pour
s ’être dégagées de tant d’impuretés. Ce n’est
qu’en peu d’endroits où des accidens ont
permis qu’elle se fit jour à travers des scories,
qu’on distingue la partie compacte de ce courant
que M. Hubert a observé lui-même en
fusion.
C’est le 24 juin 1787 qu’il se fit jour ; il
arriva en une semaine à la mer, dont sa source
est à trois mille neuf cents toises au moins.
côté qui regarde l’Enclos. — Fig. 2. Le Piton-Faujas^,
en descendant du Volcan.
Ve c o u r a n t est souvent large àe huit cents—
toises , et profond de quatre à dix. En lui ^
donnant seulement six cents toises de largeur maire,
moyenne et cinq de profondeur , ce qui porte
l’estimation au plus b a s , on trouvera q ue ,
par cette éruption, il est sorti, en sept jours,
onze millions sept cent mille toises cubiques
de laves du sein de la montagne.
I c i , nous étions au-dessus des brunies qui
nous dérobaient toutes les régions inférieures.
L e dome du volcan, sur lequel nous nous élevions
, était comme isole dans les airs, nous
n’apercevions devant nous qu’une montée rapide
, et tout autour, que des gratons. Un peu.
plus haut, cependant, on distinguait, entre
les scories foncées,. des veines simples ou rameuses
, d’un jaune plus ou moins brillant,
elles étaient plus ou moins étendues. Nous
décidâmes d’en atteindre quelqu’une , dans
l ’espoir que la surface en serait commode à
parcourir, et qu’ elle nous conduirait jusqu au
cratère dont elle se serait echappee.
Je rencontrai ici fréquemment une singulière
production des volcans dispersée dans les scories
; c’étaient des boules dont les plus fortes
n’excédaient pas un pied de diamètre, et qui
me parurent très-différentes des boules vol