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Brü-
Jnaire.
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dinaire; mon But était de renouveler coü^
naissance avec cette plante compatriote»'
En se naturalisant dans les montagnes de la
zone-torride , le fraisier a un peu change de
fa c iè s . M. Lilet m’a assuré qu’autrefois il n’y
en avait pas un pied dans l?île : c’est lu i, son
père et Gommerson, qui, dans leurs voyages,
en avaient: planté quelques pieds sur la plaine
où ils sont si fréquens aujourd’hui, que dans la
saison des fraises on se teint les jambes en
r o u g e en traversant certains endroits des hauts.
Je remarquai que, dans le fraisier deEour-
bon, les feuilles étaient plus argentées en-
d e s s o ü s que ¿ans ceux d’Europe j les fleurs
étaient aussi plus petites ; les. ombelles bien
plus lâches et à rameaux plus longs ; à peine
s’échappait-il deux ou trois drageons du collet
de là racine. : ;
Nous iêncentrâmes1 nos1 noirs qui étaient
partis lë’ màllri de iâViŸieïé d’Àbord , et' qui
se reposaient daüs un Vieûx .boucan ruine j
celui-ci est situé aux bords de la ravine, des
Cabris, d’où il nous fallut encore une heure
pour arriver au piton de Villers. La. végétation
était basse ; les mimeuses hètèrophylles e t les
calumets avaient un air humble et appauvri ,
tandis que les ambcivilles , toutes couvertes
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de rosée, avaient un air de vigueur que je ne
leur avais, vu nulle part. Noiis arrivions dans Bru.
les hautes régions | car la base du piton de mair^
¡Villers est élevée de six cents toises au-dessus
du niveau de l’Océan.
Depuis que nous n’étions plus environnés
d’arbres élevés , nous avions les monts de
l’entre-deux à notré gauche qui , s’élevant
brusquement, présentaient des pentes anguleuses
sillonnées par des torrens , et des crêtes
escarpées, dentelées de cent façons bizarres-j
on eût dit que nous n’en étions qu’à deux
cents pas , quoique mous en fussions réellement
à plus de deux lieues et demie : tant, si
l ’on n’y fait la plus grande attention , on juge
mal dans les montagnes des hauteurs et. des
distances ! Je crois que l’on doit attribuer ces
erreurs, d’optique à la manière grande et large
dont la nature, a façonné les monumens de
sa puissance : des parties' en - sont si énormes ,
que la plupart peuvent être facilement aperçues,
même à une grande distance. L a composition
des montagnes et leurs moindres a c-
cidens nous frappent en même tenis que-leur
ensemble. Comme nous 11e sommes-pas habitués
à croire fort éloignées, des choses dont nous
apercevons les petits détails} les conséquences