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Brumaire
"scoepole ( 1 ) , le vctcoi (2), le fa u x bois â&
f e r (5) , Yandromède à fe u ille s de saule (4 )
sont les végétaux les plus communs ici. Je fus
surpris d’y rencontrer quelques pieds de bois
noir (5) : ils y ont, sans doute, été portés par.
les premiers hommes qui osèrent pénétrer
dans les lieux où nous sommes, et qui tentèrent
d’y former des établissemens.
Quelques malheureux créoles auxquels' la
terre manquait sans doute ailleurs , avaient
autrefois imaginé d’habiter la lisiere boisee de
la grande ravine, un peu au-dessus de la trace
qu’on appelle chemin. Enfermés par l’enceinte
calcinée que formentles remparts du Bois-Blanc
et de Tremblet, dans les limites même que lés
feux souterrains semblent avoir données au
domaine qu’ils se sont approprié , ces créoles
avaient construit leurs humbles cabanes , et
défriché une lave toute récente. Les éruptions
(1) Scoevola Koenigii. Lam.
(2) Pandanus utilis. N.
(3) Syderoxilon ( cinereum } foliis perennantihus,
dbovatis, planis, subtàs venoso reticulatis, cortice
cinereo. Encyc. Met. die. n.° 2. An syderoxilon iner-
me ? L.
(4) Andromedà salicifolia. Smith.
(5) Mimosa lebbeh. L.
échappées hors de l’enclos du volcan , celles lAv
qui, dans cet enclos , exerçaient chaque année Bru_
leur ravage, n’avaiertt pas ete des considérations
assez puissantes pour les faire renoncer
à leur entreprise téméraire. On dirait que la
montagne voulut punir une pareille usurpation*
et donner une leçon à l’insatiable avidité des
hommes. Eri 17^7 > elle produisit un courant
'de matière fondue, qui se dirigea précisément
sur les établissemens à peine consolidés f la
flamme précédait le torrent, et détruisait tout
ce qui se trouvait à son passage ; les laves
encroûtaient ensuite les débris qu’avait laissés
le feu. Groirait-on, qu’après un pareil exemple
, on ait tenté de défricher encore quelques
poignées de terré éparse dans l ’enclos? Quand
je visitai éeà lieu x , un homme était venu s’y
établir ; mais comme pèrsonne në pénètre dans
cette solitude, et qu’on ne travérse le Brûlé
que pour affaire , sans jamais s’enfoncër dans*
son immensité ^ lés noirs marrons le fréquentent
sans craintëd’y être surpris ; ils pillent ce
qu’on y plante* ï ië malheureux cultivateur du
Pays-Brûlé, tourmenté par la craMte des brigands
et par le voisinage dés flammes volcaniques,
était au moment d’abandonner sa propriété.