
enfoncer plus avant, de peur d’être égorges
tous cinq par ces voleurs. Vainement, je leur
représentai que le plus grand mallieur qui
pût nous arriver, dans la circonstance où
je me trouvois, etoit de ne rencontrer personne,
et que nous ne pouvions sortir d’embarras
qu en parlant à quelqu’ame vivante ;
ils ne voyoient au bout du sentiér qu’une
horde d’assassins ; et sans oser aller plus
loin, ils s ,arrêtèrent, partagés entre lalionte
de m’abandonner et la crainte d’être égorgés!
Quand le diable seroit là avec tout l’enfer,
m’écriai-je, il faudroit que j ’aille lui
parler, j y suis décidé. Au reste, mes âmis,
si vous avez quelque répugnance à me sui-
vre, je-vous laisse la liberté de retourner,
et je me passerai de vous.
En parlant ainsi, je m’enfonçai dans lè
sentier , et je vis avec plaisir qu’ils me sui-
vôient tous quatre. Cependant leur marche
n ’étoit rien moins qu’assurée. Tout en
avançant, ils raisonnoient entte eux sur ce
qu il y auroxt a faire, si nous tombions dans
une horde de Boschjesrnan; sur les moyens
de l ’aborder, si nous n’étions pas attaqués
par elle j sur ceux dé sè soutenir et de se
défendre, si nous l ’étions. Ces combinaisons
de tactique dans mes Sauvages, ces
projets raisonnés dans le cas ou ce seroient
des amis ou des ennemis qu’ils t/ouver oient,
m’amusoient beaucoup. Je voy ois sur-tout
avec plaisir que leur peur, toute grande
qu’elle étoit, leur avoit pourtant laissé la #
tête libre ; et qu’en s’allarmant beaucoup
sur le danger dont ils se croyoient menacés ,'
ils prenoient * néanmoins des précautions
fort sages pour s’en garantir si nous étions
attaqués* •
Elles? furent inutiles. Après avoir suivi
pendant une heure le sentier, nous sortîmes^
de la gorge èt débouchâmes dans la
campagne, où nous vîmes Klaas et ses camarades
!, * parcourir un emplacement où il
y avoit qilelqués huttes délabrées. Jë leur. (
fis signé de venir se joindre à ma troupe;
et pendant co teras je montai avec la mienne
sur une hauteur voisine, d’o ù , portant lés
yeux au loin, il m’étoit aisé de m’assurer
si je n’appercevois point dans les plaines
d’alentour les hommes à qui appartenoient
qes huttes.*Mais seulement, à quelque distance
, je découvris , avec ma lunette, plu