
Je l ’aebeptai, et j ’employai les deux jours
cle délai- à visiter et à connoître le pays et
les morttagn es.
Il n’étoit pas meilleur que celui que je
veno-is de quitter. Point d’animaux. Dans
les deux jou rs , je ne trouvai, pour ajouter
à ma collection, qu’un étourneau d’une
espèce nouvelle. Quant aù grand gibier,
je n’en vis; nulle part; et cette disette,
Selioenmaker l ’attribuoit. àtLX tigres et aux
lions , q u i t r o p multipliés sur ce coin de
terre, l ’en écartoient, disoit-il. Pour mo i ,
j ’en accusois moins des bêtes -.féroces que
le manque d’eau et de vivres.
Au reste, quelle qu’en fut la cause, ce
défaut de gibier me fàchoit beaucoup. Il
n’y avoit que quatre mois que j ’étois en
route, et déjà cependant j ’avois consommé,
pour la nourriture de mes gens, plus de
boeufs et de moutons que pendant les seize
mois entiers de mon premier voyage. D’un
coté, les retards avoient considérablement
diminué mes provisions ; de l’autre, beaucoup
de bestiaux m’étoient morts en route ,
par les accidens, la fatigue et la soif ; mais
cêqui me chagrin oit par-dessus toute chose,
c’est
ç’est qu’après avoir acheté de nouveaux
attelages, j ’allois me voir obligé de les
remplacer par d’autres encore.
Sans espoir de trouver, sur la route que
je suivois, un pays meilleur, vingt fois
j ’avois formé le dessein de tourner à l ’est. Je
connoissois un peu les confins de la Caf-
frerie, et me flattois qu’entre la chaîne du
Camis et les Tambouquis qui bordent le
canton des Caffres, je trouverois peut-être
quelque passage heureux qui me pernaet-
troit de parvenir dans la contrée orientale.
Je savois d’ailleurs que lès hautes montagnes
qui occupent le centre de l’Afrique
méridionale donnent naissance à beaucoup
de rivières, dont les unes se rendent à
l’ouest dans l ’Atlantique, tandis que les
autres vont, par un cours contraire, se perdre
dans les mers de l ’est. Je n’ignorois
pas que ces dernières sont à la fois et plus
nombreuses et plus fortes que les autres;
et j ’espérois qu’en suivant leur cours et les
vallées qu’elles traversent, je ponrrois sortir
de la contrée maudite où je me voyois
sans cesse arrêté.
Une seule considération me retenoit. Je
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