
*^74 V o y a g e
nos naturalistes modernes , même: céux qui
ont parlé du sécretaire avec le plus dedé-
tails, nq faire aucune ; mention "de trois
protubérances osseuses et émoussées qu’il
a au pliant et à la dernière, articulation de
-Ses aîles, mais infiniment moins apparentes
que dans le jacana ou dans le camicki.
Cette omission m’a paru étrange', dans
Buffon ■ sur-tout,' qui ne l ’a point décrit
d’après des relations étrangères, mais d’après
, un individu qu’il avoit sous les yeux,
et qui, je crois, étoifc. dans le cabinet de
. Mauduit. Cependant elle; est essentielle ,
puisqu’elle ôte au ¿éçretaire un de.ses principaux
caractères distinctifs , et que les
protubérances dont je parle, sont une dès
armes de cet oiseau, ainsi que je ile dirai
tout-à-l’heure. . :
Je me permettrai encore une remarque
sur ce que Buffon en a écrit. Selon lu i, le
sécretaire diffère des autres oiseaux ¡de
proie, par un naturel, craintif ; et sa timidité
est même telle,, dit-il, qu’attaqué par
ses ennemis, il n’a , pour sa conservation,
d’autre ressource que, la fuite. C’est là une
erreur. Ceux qui ont pu étudier cet oiseau,
e n A f r i q u e . 2.j 5
savent que, vivant particulièrement de reptiles
, il est continuellement en guerre avec
eux; qu’il les cherche par tout et les attaque
avec courage: Je c ite , sur cette assertion,
le témoignage dé Querhoent; et
moi-meme j ’apporterai en preuve le fait suivant
, dont j ’ai été le témoin.
En descendant d’une montagné d'ans une
fondrière très-profonde, j ’appërçuis presque
perpendiculairement au - dessous de
moi, un oiseau qui s’élevoit et s’abaissoit
très-rapidement, avec des mouveinens fort
extraordinaires. Quoique jé connusse très-
bien le sécretaire, et que j ’en eusse* tué
plusieurs à la terre de N a ta l, il m’étoit impossible,
dans la situation verticale où je
me trouvois , de reconnaître celui-ci, et ne
le soupçonnai qu’à'son manège. En effet,
ayant trouvé moyen, à la faveur de certaines
roches, d’approcher assez près de
lui , sans bruit et sans être découvert, je
vis que c’en étoit u n , qui se battoit avec
un serpent.
Le combat étoit très-vif dès* deux côtés,
et la ruse égale de part et d’autre. Mais le
serpent, qui sentoit l ’inégalité de ses forces,
S a