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s’offrirent à m’accompagner ; ne demandant
pour, tout traitemént extraordinaire qu’une
ration de tabac par lune. J’acceptai leur offre
avec une grande joie.
A dire le v ra i, cette troupe de Hotten-
tots que j ’avois à mon service me paroissoit
désormais une charge plutôt qu’un secours.
Depuis leur rébellion j ’étois changé à leur
égard, et ne les yoyois plus du même oeil.
Dans ma petite excursion , je venois d’éprouver
combien il est facile de se faire des
amis chez des Sauvages; et j’avois senti surtou
t, quel avantage prodigieux auroit uxi
voyageur, qu i, pour connoître et parcourir
un pays, ne prendroit successivement
d’autres compagnons et d’autres guides que
ses propres habitans.
Mes Caminouquois avoient neuf boeufs
Je les leur louai. J’en fis acheter sept autres,
et je ne songeai plus qu’à faire emballer
dans des sacs, de peau de mouton, les pacotilles
et provisions que j ’allois emporter.
Pour mettre de l’ordre dans mes effets et
pour pouvoir les retrouver en route sans
peine et sans confusion, quand j ’en aurois
besoin, j’étiquettai avec des couleurs dife
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férentes chacun des différens paqiiets qui
devoient composer une charge de boeuf.
Chaque boeuf avoit la sienne, laquelle ne
de voit jamais être changée en voyage. Il
avoit ses hommes destinés à son service ;
et moi je ndétois fait un petit bordereau,
sur lequel se trouvoit le nom de chaque
boeuf, ceux de ses conducteurs, et le contenu
de sa charge : de sorte que si je vou-
lois tel ou tel objet, je n’avois qu’à jetter
les yeux sur,mon mémorial, et appeller tel
ou tel homme ou demander tel boeuf.
Cependant parmi les seize, je n’en destinai
que sept à, mon service personnel.
Ceux-ci portaient, outre mes deux tentes,
tout Ce qui m’appartenoit ; comme munitions
de chasse, objets de commerce, batterie
de cuisine, toilettes, tabac et de l ’eau-
de-vie pour les besoins particuliers.
Sept autres devoient être chargés de nattes
, peaux, armes, ustensiles de lâ troupe
et des cercles destinés à la construction de
ses huttes. Enfin, les deux derniers étoient
réservés pour cas d’accident, les malades ou
blessés, et pour le soulagement des fem