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son particulière , être une exception à là
loi générale , je voulus interroger leur pèrë
sur ee prétendu massacre.
Tous les matins., avant mon départ pour
la chasse, il Ÿenoit me voir avec sep deux
femmes, et se régaler en fumant une pipe
et avalant un sopje(petit yerre d’eau de vie).
Quoique son langage fut différend que celui
des Hottentots de la côte de l ’ouest,
néanmoins , depuis près de deux mois que
je parcourois le pays, j ’avois appris à le Comprendre
un peu et à me faire entendre.'
Un jour qu’avec lui et ses deux femmes
j ’étois assis sur l ’herbe près dèma tente, je
mis la conversation sur l ’objet des jumaux,
et fit demander à la femme si , dans le cas
où elle auroit deux enfans, elle n’en étouf-
feroit pas uii r Cette question parût la, fâcher
} elle garda le silence et tomba dans
une rêverie stupide. Mais le mari, se tournant
vers moi et me rappellant que déjà je
lui avois fais plusieurs questions pareilles ,
m’attesta avec violence que ce sacrifice étoit
impossible.
Ainsi donc , voilà les blancs q u i, d’après
Kolbe, accusent les Namaquois d’ün crime
abominable , et qui outrage la mère commune
de tons les êtres1.
J’àjouterai ici que les Namaquois , noù-
seulement ne se défont pas d un de leurs
jumaux quand ils en ont, mais qu ils conservent
et élèvent tous leurs enfans ; ce devoir
est si naturel, que je n’aurois pu parvenir
à faire comprendre uneidee contraire.
Outre la grande inculpation révoltante
dont je viens de parler , on m’avoit débit©
sur les Grands Namaquois , une fable absurde
dont je vérifiai également la fausseté.
Ce n’étoit point au Cap que celle-ci m a-
voit été racontée , ainsi que l’autre. Je la
teriois dé Kl a as Baster, q u i, ne dàùs les environs
de l’Orange , ponvoit avoir sur ce
peuple quelques connoissances certaines.
Selon lui, les pères, pour montrer qu’elle
affection ils portent à leurs enfans, nourrissent
d’une maniéré particulière leur aine,
comme devant être le premier objet de la
tendressàe paternelle. Pour cela, ils le mettent,
pour ainsi dire,en mue; ils l’enferment
dans une fosse , faite sous leur hutte , où ,
privé de mouvement, il perd peu par la